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La biodiversité financiarisée : de la marchandisation des « ressources » à celle des « services »

jeudi 8 décembre 2011, par Christophe Bonneuil, Geneviève Azam

Christophe Bonneuil est chercheur au Centre Koyré, CNRS et membre de la commission écologie et société d’Attac ; Geneviève Azam est enseignante en économie à l’université de Toulouse et membre du Conseil scientifique d’Attac. Ils étudient dans ce texte le modèle d’une conservation de la biodiversité par la marchandisation de ses éléments.

Comme le prophétise la firme Advanced Conservation Strategies, « nous entrons dans une nouvelle ère de pénurie, les marchés environnementaux sont en plein boom. Cela touche non seulement le carbone, mais aussi les marchés émergents de l’eau et de la biodiversité » [1]. Déjà en 1997, la revue scientifique Nature publiait un premier calcul de la valeur monétaire des services annuellement rendus pas la nature à l’échelle planétaire, estimé alors dans une fourchette de 16.000 à 54.000 milliards de dollars. Mais cette première estimation, si tant est qu’un chiffrage monétaire soit souhaitable et possible, était très sous-évaluée. La perte annuelle de biodiversité est évaluée à 4400 milliards de dollars, et, toujours selon Advanced Conservation Strategies, « vers 2030, le carbone sera la plus importante marchandise échangée au monde avec un marché de 1600 à 2400 milliards de dollars, soit l’équivalent de la valeur actuelle du marché pétrolier ». [2]

Ainsi, les « services écosystémiques » sont en passe de devenir de nouvelles marchandises globales aussi lucratives que l’étaient les « produits coloniaux » il y a un siècle. Comme eux, ils ne sont exempts ni d’une imagerie coloniale, celle de nouvelles richesses mal gérées par les indigènes, soustraites au jeu marchand, qui vont enfin être « mises en valeur », ni des pratiques néocoloniales d’échange inégal et de spoliation.

Le modèle de Rio (1992) : marchandiser les « ressources génétiques » pour conserver la biodiversité ?

La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) adoptée à Rio en 1992 se donnait pour objectifs « la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques, notamment grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert approprié des techniques pertinentes… » (CDB, 1992, Art 1.). Il s’agissait donc de conserver la biodiversité par la mise en marché, supposée équitable, de ses éléments, les « ressources génétiques ».

Cette vision utilitariste de la biodiversité comme ressource a rencontré la logique industrielle et libérale : il s’agit de réduire la complexité des processus écologiques et culturels et celle des fonctions de cette diversité à un stock d’éléments séparés (des « ressources ») qui puissent être possédés, vendus et achetés.

La course au brevetage généralisé du vivant est consacrée par la CDB dans son article 16.5. Cette marchandisation se fait en échange de deux concessions largement formelles : a) la reconnaissance de la souveraineté nationale sur les « ressources biologiques » (Art. 15) satisfaisant ainsi formellement les États du Sud désireux de ne plus voir leur biodiversité considérée comme un patrimoine mondial où les firmes puisent sans contreparties, et b) le partage des fruits des « innovations » tirées de ces « ressources » avec les communautés locales (Art. 8j et Art. 15). Ces gages donnés aux mouvements indigènes doivent aboutir à des règles de partage des avantages, qui ne seront définies que 18 ans plus tard à Nagoya en 2010 et qui sont à ce jour ni effectives ni satisfaisantes.

Contrairement aux politiques des parcs naturels (souveraineté étatique sur un habitat, valorisation touristique) et de protection des espèces (interdiction de commerce international de produits comme l’ivoire, réglementation nationales, etc.) qui s’étaient développées dans les décennies d’après-guerre, la CDB adosse en somme la conservation de la biodiversité à la valorisation marchande (passant par l’établissement de droits de propriété) de ses éléments.

Avec la montée des enjeux industriels liés aux biotechnologies, un nouveau régime de propriété intellectuelle sur le vivant avait été validée en 1980 par la Cour suprême américaine (Arrêt Diamond v. Chakrabarty) ; il a été imposé au monde par l’accord de l’OMC sur la propriété intellectuelle (ADPIC, 1995 [3] ) et validé en Europe en 1998 (Directive 98/44/CE).

Ce paradigme de Rio, « privatiser et marchandiser pour conserver », est le produit de l’idéologie économique dominante qui tend à sacraliser le marché et la propriété privée et à dévaloriser le domaine public et le domaine des communs, au nom de l’efficience économique. Un des moments fondateurs de cette rupture idéologique fut la publication de l’article célèbre de Garett Hardin, « The Tragedy of the Commons » en 1968. Pour Hardin, les communs sont menacés de disparition du fait d’une pression démographique trop forte et d’une exploitation trop intense. L’idée de libre accès, qui selon Hardin caractérise les communs, doit être abandonnée car elle a pour conséquence le gaspillage et la tragédie de leur disparition. En identifiant ainsi les communs avec des biens en accès libre, Hardin oublie une part majeure de l’histoire de l’humanité, qui a consisté justement à établir des règles communes, écrites ou orales et souvent très sophistiquées, d’usage des communs.

Ce faisant, il renforce les représentations économiques libérales, qui font de l’établissement de droits de propriété et du marché les conditions d’une « gestion durable » et efficace de la nature. Le marché, grâce aux signaux donnés par les prix assure la meilleure distribution des flux économiques, et par extension de l’équilibre écologique. Encore faut-il donner un prix aux pollutions, nommées « externalités négatives », de manière à améliorer le fonctionnement du marché et inciter les agents à faire des choix vertueux.

Plusieurs voies existent pour donner un prix au « capital naturel » et aux externalités : la taxe, imaginée initialement par Arthur Pigou en 1920 et l’instauration de droits de propriété négociables sur un marché. La priorité donnée à l’instauration de droits de propriété sur les biens et services environnementaux a été renforcée à partir des années 1960 à partir d’un article de l’économiste Ronald Coase fondé sur l’idée que la gestion communautaire ou sociale des ressources communes est source de gaspillage. Sauver la biodiversité, consiste donc à attribuer des droits de propriété bien définis dans le cadre d’une écologie de marché.

L’échec du marché des ressources biologiques

Vingt ans après la Convention de Rio, il apparaît que le modèle réductionniste et marchand d’une conservation de la biodiversité par la marchandisation de ses éléments a échoué.

Premièrement, du point de vue même de ses concepteurs, il y a eu échec à créer un véritable marché. Les firmes pharmaceutiques et biotechnologiques, hormis quelques contrats initiaux très médiatisés, ne sont pas autant investies que prévu dans la bioprospection. Elles comptent plutôt sur la recherche publique, sur les énormes collections dont elles disposent déjà, voire sur les biotechnologies (génie génétique et mutagenèse d’insertion, nanobiotechnologies, biologie synthétique) pour innover en laboratoire sans passer par la case « nature » et par le « partage des avantages » avec les populations locales. [4]

Deuxièmement, du point de vue environnemental, le modèle induit par la CDB n’a pas ralenti la 6e extinction actuellement en cours, le taux de disparition d’espèces étant mille fois supérieur à la normale. Les logiques industrielles fondées sur des pensées en terme de "ressources", d’identification et de catalogage précis et fixiste sont étrangères à la logique d’un vivant en évolution permanente.

Enfin, du point de vue économique, social et politique, le brevet dépossède les populations de leurs savoirs, les recettes obtenues en retour sont dérisoires et in fine la multiplication des brevets et leur accumulation finit par bloquer l’innovation.

De la marchandisation des stocks à celle des flux

Suite à cet échec et en lien avec des domaines moins réductionnistes de l’écologie, une nouvelle conception de la biodiversité a progressivement émergé dans les instances internationales. Avec les apports de l’écologie des paysages, de la biologie de la conservation ou de l’écologie fonctionnelle, celle-ci n’est plus simplement vue comme un stock de ressources d’espèces ou de gènes, mais comme un tissu continu de vie, pourvoyeur de potentialités d’évolution et de services multiples. L’accent est mis sur les flux, la connectivité et non plus seulement sur les stocks, les entités, comme l’illustrent les dispositifs de trames vertes et de corridors écologiques.

Ces évolutions scientifiques ont convergé avec des mutations socio-politiques. Plutôt que de préserver une nature sanctuarisée en excluant les populations, il convient d’associer celles-ci. Outre les évolutions des dispositifs de conservation vers plus de connectivité et de participation, ces nouvelles approches ont infléchi simultanément les conceptions de la nature, du social et de l’économie autour du paradigme du réseau, de la résilience et de la complexité adaptative. Comme les entreprises, les êtres vivants et les écosystèmes sont évalués, moins sur leur performance en conditions réglées, stables et optimales, comme c’était le cas il y a un demi-siècle, mais plutôt en fonction de leur habileté à s’ajuster à des changements rapides et constants. De l’ADN à la biosphère, le vivant est de plus en plus vu comme un système agile, adaptatif, complexe et réticulé.

Ceci fait écho aux représentations dominantes du nouvel ordre économique et politique, caractérisées par l’imaginaire du réseau, l’innovation perpétuelle, la spécialisation flexible et la « gouvernance » participative. Les anciens bornages, les anciennes compartimentations (entre espèces, entre « variétés de pays » et « variétés élite », entre conservation et utilisation de la diversité) érigés par le modernisme industriel et fordiste du XXe siècle, sont dépassés par une exaltation du mouvement, du flux, de la connexion et de l’hybridité. La rencontre actuelle entre théorie des réseaux et biologie des populations renforcent ces nouvelles représentations, comme l’illustre cette réflexion du rédacteur en chef de la très technophile et libérale revue Wired : A distributed, decentralized network is more a process than a thing. In the logic of the Net there is a shift from nouns to verbs. Economists now reckon that commercial products are best treated as though they were services. It’s not what you sell a customer, its what you do for them. It’s not what something is, it’s what it is connected to, what it does. Flows become more important than resources. (…) Life is a networked thing –a distributed being. (…) life is a something in flux (Kelly, 1994, p. 26, 92 et 98)".

La biodiversité est repensée comme un capital fixe particulier, capable de produire par lui-même des services écosystémiques. C’est pourquoi, conformément à une économie de fonctionnalité, dans laquelle l’enjeu est plus la maîtrise de l’accès aux flux que la possession statique des objets, l’accaparement des « services écosystémiques » apparaît comme nouveau modèle dominant de gestion et de marchandisation de la biodiversité. Pour Robert Costanza, l’écologue et économiste qui a proposé en 1997 un premier calcul de la valeur monétaire des services de la nature, les services écosystémiques « consistent en des flux de matière, d’énergie et d’information en provenance d’un stock de capital naturel, qui se combinent avec les services des activités industrielles en humaines pour genérer du bien être humain ». [5]

Le Millenium Ecosystem Assessment, publié par les Nations Unies en 2005 a mis en selle cette approche dans les arènes internationales ; sont distingués, outre des services d’appui plus en amont, trois types de « services » rendu aux humains par la nature : les « services d’approvisionnement » (correspondant à ce qui était autrefois appelé « ressources » : bois, production alimentaire, etc.), les « services de régulation » (du climat, des maladies, de la pluviométrie, de la qualité de l’eau, etc.), et les « services culturels » (fonction récréative, spirituelle de la nature, etc.).

Le nouveau modèle de gestion de la biodiversité entend calculer la valeur monétaire des services rendus par celle-ci en vue d’internaliser ces fonctions écologiques dans le calcul économique en créant des mécanismes permettant à des individus ou collectifs utilisateurs des services, par exemple des collectivités consommatrices d’eau potable, de rémunérer les populations qui gèrent les milieux, par exemple les agriculteurs d’un bassin ayant des pratiques respectueuses de la qualité de l’eau. C’est le principe du « paiement pour service écologique ». Après avoir marchandisé les éléments de la biodiversité, on en marchandise désormais les services. Les forêts tropicales sont alors conceptualisées comme « des équipements, grands pourvoyeurs mondiaux de stockage de l’eau, de stockage du carbone, de conservation des sols » et d’hébergement de biodiversité (Steiner et Sukhdev, 2009).

Cette nouvelle approche s’accorde avec la financiarisation des ressources naturelles et commence à montrer ses effets avec la nouvelle figure de l’écologue-entrepreneur à la tête de sociétés financières investissant dans les services écosystémiques et les produits dérivés de la biodiversité. En vue d’exploiter les nouveaux « instruments de marché », de nouveaux fonds d’investissement dans les services écosystémiques fleurissent : EKO Asset Management Partners, Inflection Point Capital Management, Innovest Strategic Value Advisors, Canopy Capital, Caisse des Dépôts et Consignation en France ... en sont quelques exemples.
En mars 2008, Canopy Capital a passé un accord financier avec la réserve nationale d’Iwokrama (371000ha, 7000 habitants) en Guyana, dans la forêt amazonienne. En échange d’un versement annuel finançant des actions de conservation de la Réserve, Canopy Capital a acheté non la terre en tant que telle, mais les droits sur les services écosystémiques de la réserve tels que le maintien de la pluviosité dans la région, le stockage de l’eau et du carbone et la modération du climat, qu’il pourra placer auprès d’investisseurs ou d’entreprises soumises à une obligation réglementaire de compensation. À ces instruments s’ajoutent en nombre croissant des produits dérivés, couche d’abstraction et de spéculation supplémentaire. Il s’agit d’une part de “produits dérivés biodiversité” qui n’en sont encore qu’au stade de l’ébauche, mais qui pourraient amener des agents économiques à spéculer sur la disparition d’espèces comme d’autres ont spéculé sur l’écroulement des subprimes. Il s’agit d’autre part de produits liés à des emprunts hypothécaires gagés sur l’environnement (« environment mortgage »). Ces emprunts hypothécaires sont placés auprès de communutés locales du Sud pauvres en ressources économiques mais riches en ressources naturelles, qui empruntent selon un prêt de type « microfinance », gagé sur l’environnement et conditionné par une bonne gestion du milieu… Les risques de mauvaise gestion de la diversité des milieux et de perte de biodiversité pourraient donc dans un avenir proche faire l’objet d’une nouvelle couche de produits financiers dérivés.
On assiste donc ces dernières années à un mouvement de financiarisation de la biodiversité, un mouvement de couplage de plus en plus intime entre les flux du capital et les processus écologiques. Les grandes ONG (IUCN, TNC, WWF, CI) tout comme les institutions internationales (PNUE) organisent et accompagnent ce mouvement, en arguant de l’échec, certes réel, des politiques passées. On assiste, avec la mise en place de programmes internationaux comme « UNEP Finance » ou le « Biodiversity and Business Offset Program », à un pilotage des programmes et agences internationales par les intérêts économiques, au sein de partenariats justifiés par le besoin de mobiliser le secteur privé et de suppléer la carence des financements publics C’est pourquoi, en matière de biodiversité comme dans d’autres secteurs, s’opère une privatisation de l’action publique des Nations Unies. Quant aux ONG de conservation, elles sont désormais largement financées par les entreprises qui placent leurs représentants dans les Conseils d’Administration ; elles sont devenues de véritables entreprises gérant des millions d’hectares, certifiant de façon laxiste [6] des produits ou activités des entreprises qui les financent.

Institutions internationales et grandes ONG de conservation présentent désormais la lutte contre l’érosion de la biodiversité comme un nouveau marché porteur et financièrement profitable. Cet imaginaire radieux d’un nouveau business de la nature est notamment véhiculé par des expressions comme celle de « capital naturel » ou d’économie verte et par la multiplication d’images soulignant un couplage du capital et des processus écologiques : une plante naissant d’un tas d’Euros, des feuilles se prolongeant en billets de banque, des fourmis rassemblant des fragments de billets ou encore des papillons-dollars [7] (cf figure ci-contre). Se multiplient également les parallèles entre les fonctionnements observés dans la nature et ceux observés sur les marchés, qui renforcent la naturalisation de l’ordre libéral et suggérent que la nature serait, selon l’IUCN, « la plus grande entreprise de la terre ». [8]

Conclusion

En même temps que les dispositions de Rio en 1992 en matière environnementale se soldent par un échec, les inégalités mondiales ont explosé pendant les vingt dernières années, ruinant les espoirs sociaux exprimés à travers l’idée du développement durable.

Au lieu d’en tirer les enseignements, le sommet Rio+20 en 2012 résout le problème en le supprimant : il est placé sous le signe de l’ « économie verte ». [9] Ce nouveau discours marque une régression par rapport à la notion, déjà fort problématique, de « développement durable » en ce qu’il conçoit les dimensions sociale et environnementale non plus comme un des trois piliers de l’action mais comme une simple conséquence des bienfaits annoncés de la croissance verte.

En pratique, ce qu’entend consacrer le sommet Rio+20, c’est l’arrivée des entreprises privées aux commandes directes de l’action publique internationale. L’ONU, ses agences et ses conventions sont réduites à peu du fait du refus des États-Unis de s’inscrire dans le multilatéralisme et de celui des pays industriels – anciens et nouveaux – de reconnaître leur responsabilité dans le dérèglement des écosystèmes. Le fruit semble mûr pour livrer la gouvernance du climat aux marchés du carbone, à la banque mondiale et à l’OMC, pour livrer la biodiversité aux banques et s’en remettre à Bill Gates pour le développement.

Alors que la proposition d’un Nicolas Georgescu-Roegen ou d’un René Passet dans les années 1970 était de penser l’économie comme un sous-système des cycles naturels de la biosphère, le projet de l’ « économie verte » est de faire de ces cycles des sous-éléments de la sphère économique et financière.

Christophe Bonneuil et Geneviève Azam


[3Boisvert V., Vivien F.-D. (2005). Tiers Monde et biodiversité : tristes tropiques ou tropiques d’abondance ? La régulation internationale des ressources génétiques mise en perspective, Revue Tiers Monde, vol. XLVI, n◦ 181, 185-206.

[4Aubertin, C., Pinton F., Boisvert V. (dir.) (2007). Les Marchés de la biodiversité, Paris : Ed. IRD.

[5Costanza R. et al. (1997), The value of the world’s ecosystem services and natural capital, Nature, 387, pp. 253–260, p. 254

[6Cf. les dérives de la « Table ronde du palmier à huile durable » (RSPO)…

[7Sullivan (Sian) “Banking Nature ? The Financialisation of Environmental Conservation”, OAC press, workin paper series #8, 2011.