Accueil > Les dossiers > De l’automne 2002 à l’été 2003, du n° 10 au 13 > N° 10 (automne 2002) / scénarios pour une france sans nucléaire > dossier : scénarios pour une france sans nucléaire > Le nucléaire dans le monde
Le nucléaire dans le monde
par Yves Marignac, Directeur adjoint de WISE-Paris
octobre 2002, par
Le nucléaire représente 17 % de la production électrique mondiale, mais
moins de 3 % de la consommation finale d’énergie sur la planète.
Il existe aujourd’hui 438 réacteurs exploités dans 32 pays, loin des 4500
annoncés il y a 25 ans par les prévisionnistes de l’AIEA. Ces chiffres ne
progressent plus, et 95 réacteurs ont déjà été fermés.
Le trio Etats-Unis (104 réacteurs), Japon (53) et France (59) représente à
lui seul 60 % de la production électronucléaire mondiale. Mais les deux
premiers ne dépendent qu’à 20 et 35 % du nucléaire pour leur production
électrique, alors que ce taux dépasse 75 % en France.
Aux Etats-Unis, aucun réacteur commandé après 1973 n’a été achevé, 138
projets au total ayant été abandonnés, la plupart suite à l’accident de
Three Mile Island.
Si le Japon reste attaché au nucléaire, celui-ci est de plus en plus
affecté par des crises successives, depuis l’accident de Tokai-Mura en 1999
jusqu’au tout récent scandale de rapports de sûreté falsifiés.
La France est de plus en plus isolée en Europe où elle est la seule a avoir
commandé des réacteurs après 1980. Outre les pays qui ont refusé le
nucléaire, comme l’Autriche dans un référendum en 1978, plusieurs pays y
ont officiellement renoncé : l’Italie en est sortie en 1987, suite à
Tchernobyl. La Suède a décidé en 1980 un arrêt du nucléaire, qu’elle peine
cependant à mettre en ?uvre. L’Allemagne a adopté en 2001 une loi de sortie
progressive du nucléaire et d’arrêt du retraitement, et la Belgique
s’apprête à faire de même.
Les autres pays européens n’ont aucun projet concret de nouvelle centrale,
à l’exception de la Finlande où le Parlement a donné en mai 2002, à une
faible majorité, le feu vert à un cinquième réacteur qui reste à commander.
En Grande-Bretagne, le gouvernement multiplie les initiatives pour éviter
la banqueroute aux deux exploitants nucléaires British Energy et BNFL.
En Europe de l’Est et en Russie, l’argent manque pour financer toute
nouvelle installation nucléaire et l’Union Européenne, dans le cadre de son
élargissement, exige la fermeture de plusieurs réacteurs.
Quelques pays du Sud ont développé un parc électronucléaire, mais ces
efforts restent limités. Le plus emblématique, la Chine, vient de mettre en
service son 4ème réacteur, mais le nucléaire ne représente qu’1 % de sa
production électrique.