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Parution du n° 53 - La catastrophe climatique. Crimes et résistances

jeudi 29 décembre 2022, par EcoRev’

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Les scientifiques du monde entier, jusque dans les derniers rapports du GIEC, sonnent l’alarme : le CO2 ne cesse de s’accumuler dans l’atmosphère, la calotte glacière des pôles et les glaciers fondent, le niveau de la mer augmente, les méga-feux et les ouragans se multiplient. Si l’on ne change pas radicalement d’orientation dans la prochaine décennie, on pourra difficilement empêcher l’élévation de la température de la planète au-delà de 1,5° (par rapport à la période préindustrielle). Or, une fois cette limite passée, un processus de réactions en chaîne risque de se déclencher, conduisant à des augmentations de 2°, 3° ou plus, dans une spirale catastrophique. Il y a donc urgence !

Et pourtant la réaction des élites, des milieux d’affaires et des pouvoirs établis, relayée par les médias dominants, se caractérise par l’immobilisme de mesurettes délayées dans le temps et par les discours lénifiants – quand ce n’est pas le scepticisme négationniste qui prévaut. En dernière analyse prédomine le business as usual, et la philosophie des oligarchies semble être celle de Louis XV : « Après moi, le déluge ! » Le déluge du 21e siècle risque de prendre la forme, comme celui de la mythologie biblique, d’une montée inexorable des eaux, noyant sous les vagues les grandes villes de la civilisation humaine : Hong Kong, Shanghai, Jakarta, Londres, Venise, Amsterdam, Londres, New York, Rio de Janeiro, etc.

L’inertie des pouvoirs constitués s’est encore une fois illustrée par le flagrant échec de la COP27 rassemblée en novembre 2022 à Charm el-Cheik en Égypte. Certes, la décision a été prise de constituer un fonds pour indemniser les pays pauvres victimes de catastrophes « naturelles » liées au changement climatique. Dans un élan de générosité, douze gouvernements de l’Union européenne ont débloqué environ 360 millions de dollars pour alimenter le futur fonds créé par la COP27 pour les pertes et dommages des pays du Sud. Est-ce à la mesure du problème quand on sait que cela équivaut à. 1% du montant des dégâts (30 milliards de dollars) causés par les seules inondations récentes au Pakistan ?

Quant à la question brûlante, à savoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues aux énergies fossiles, elle n’a guère été traitée par la COP27. Les Saoudiens et les Russes ont refusé toute mention des énergies fossiles dans le texte final et la Chine est quant à elle restée muette sur le sujet. C’est que les entreprises d’État de ces trois pays sont aussi les trois multinationales les plus émettrices au monde.

Sans prétention d’exhaustivité, nous livrons dans ce numéro un état des lieux de la question, qui met inévitablement en exergue l’incapacité des pouvoirs établis – gouvernements, Commission européenne, Conférences internationales (COP), etc. – à relever le défi. Le Pacte vert européen est démystifié à la lumière des politiques de relance du charbon ou du nucléaire qui, sous couvert de pénurie énergétique, sont menées par plusieurs États européens, dont la France.

Le cas de la France est exemplaire. Si elle se pique de contenir les émissions directes de CO2 – quitte à poursuivre sans débat politique la fuite en avant nucléaire (avec de nouveaux projets d’EPR) qui l’exonère de surcroît d’impulser sérieusement le solaire et l’éolien –, elle contribue à aggraver la crise en important des marchandises carbonées ou responsables de la déforestation en même temps que ses multinationales multiplient dans les pays du Sud les investissements polluants et destructeurs du milieu, au mépris des populations autochtones.

Les causes de la catastrophe climatique qui vient sont assurément systémiques, ce qui incite à dégager des stratégies de lutte radicales en vue de la sortie de la civilisation industrielle capitaliste moderne. Lorsque individuels, les écogestes, la sobriété numérique (abordée dans le Kit militant), l’autoproduction, l’action locale ne semblent pas pouvoir faire le poids face au « crime climatique » dont sont responsables au premier chef les puissances économiques, Mais lorsque ces prises de conscience et ces actes de résistance prennent de l’ampleur en acquérant une dimension collective, en se transformant en mouvement social, ils deviennent des faits politiques qui comptent pour freiner la course au pire et établir une justice climatique qui fait cruellement défaut – à l’heure où l’on catégorise les « migrations climatiques » pour les faire entrer dans une gestion politique des déplacements de population tour à tour utilitariste, sécuritaire, voire raciste.

La rédaction