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Améliorer le PIB ? Un exemple : l’indice de progrès réel
lundi 23 mars 2009, par
Dans l’entretien qu’il nous accorde, Jean Gadrey nous rappelle ce que cherche à mesurer le Produit intérieur brut, et les raisons pour lesquelles il est illégitime de considérer cet outil comme un indicateur pertinent afin de mesurer le bien-être d’une société. En France, Patrick Viveret a mis en lumière de manière très pédagogique les raisons pour lesquelles il est absurde de considérer le PIB comme un thermomètre du progrès social, notamment lorsqu’il évoque le "paradoxe de l’Erika", c’est à dire :
– la non prise en compte par le PIB des activités qui sont bénéfiques à la société, mais qui échappent à la valorisation marchande (les actions des bénévoles venant nettoyer les plages, par exemple)
– et au contraire la comptabilisation positive des activités qui sont néfastes pour la société mais qui donnent lieu à un échange marchand, ou qui génèrent une activité économique (la dépollution des côtes françaises lorsqu’elle est confiée à des entreprises, par exemple).
La tentation de réajuster le PIB pour corriger ce paradoxe n’est pas récente. Plusieurs démarches ont été développées dans ce sens au cours des dernières décennies. Aux États-Unis, l’association Redefinig Progress s’est en particulier inspirée des travaux d’Herman Daly pour élaborer une forme de PIB ajusté, baptisé Genuine Progress Indicator (Indice de progrès réel, ou Indice de progrès brut). En théorie, le jeu est assez simple : d’un côté, on accorde une valeur monétaire à l’ensemble des tâches bénévoles qui présentent un intérêt pour le bon fonctionnement de la société (bénévolat, tâches ménagères, etc.) – valeur qu’on ajoute au PIB ; et de l’autre côté, on estime la valeur des impacts néfastes des activités économiques (accidents, sécurité, dégradations environnementales, épuisement des ressources naturelles) – valeur qu’on retranche ensuite du PIB. D’autres ajustements sont également effectués, comme par exemple la prise en compte de la répartition plus ou moins équitable des richesses économiques.
Concrètement, les résultats obtenus avec cette méthode ont le mérite d’être pour le moins spectaculaires. Le graphique ci-dessous nous montre, par exemple, l’évolution comparée du PIB et de l’Indice de Progrès Réel des Etats-Unis depuis 1950. Saisissant !
Néanmoins, aussi spectaculaire soit-il, cet exercice ne va pas sans poser quelques difficultés méthodologiques. C’est particulièrement le cas lorsqu’il s’agit de fixer une valeur économique à l’environnement. L’article de Julien Milanesi explore plus particulièrement cette délicate question dans les pages suivantes.
Sources : Le rapport Viveret est consultable sur le site Internet de la Documentation française : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapportspublics/024000191/index.shtml
Le rapport sur le Genuine Progress Indicator est consultable sur le site Internet de Redefinig Progress : http://www.rprogress.org/sustainability_indicators/genuine_progress_indicator.htm