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La sobriété joyeuse ?... et autres questions à poser aux indicateurs subjectifs

Quelle base empirique pour une politique post-matérialiste ?

lundi 23 mars 2009, par Luke Haywood

Dans ce dossier, différents auteurs ont présenté des indicateurs qui tentent de peindre une image plus juste du progrès de la société et de ses incidences écologiques. Luke Haywood, doctorant en économie, propose ici une valeur finale alternative – augmenter le niveau de bien-être de la population – et s’interroge sur les perspectives d’une politique fondée sur cette valeur à l’heure de la crise écologique. Face aux difficultés de construction d’un indicateur fiable de bien-être, l’auteur s’intéresse plus particulièrement aux facteurs qui déterminent notre bien-être et s’interroge sur les conclusions que pourraient en tirer des politiques publiques avisées. Il ne s’agit donc pas de créer un indicateur général du bien-être de la population, mais plutôt de quantifier l’impact de différentes politiques sur la qualité de vie. Cette approche pourrait ainsi constituer une réponse possible à la question de la légitimité démocratique des indicateurs.

Les politiques économiques qui cherchent à générer plus de croissance du PIB reposent sur deux présupposés concernant la psychologie humaine : la marchandisation du bien et le choix rationnel. Autrement dit, tout ce qui a de la valeur pour l’individu se trouverait sur le marché et chacun ferait des choix de consommation rationnels pour augmenter son bien-être.

Afin de comptabiliser ce qui n’a pas de valeur marchande, des indicateurs spécifiques ont été développés : Des "PIB verts" prennent en compte les dégâts environnementaux alors que des indicateurs composites proposent une combinaison de plusieurs mesures objectives du progrès humain (espérance de vie, éducation etc.) [1]. La validité de ces exercices dépend du fait que les différents composants (des statistiques économiques et sociales) incluent tout ce qui importe pour évaluer le progrès de la société – et que les composants sont substituables : mais depuis quand une hausse de l’égalité des revenus compensent- elle un recul de l’éducation primaire ?

Indépendamment des effets non-marchands, se pose la question du choix rationnel. Comment évaluer une augmentation de la consommation qui s’effectue sans dégât environnemental ou social ? La psychologie nous montre qu’il est plus difficile de s’abstenir de consommer une chose quand on s’y est habitué ; la valeur de certains objets dépend de leur rareté – donc de la consommation des autres, etc. Il en résulte qu’un même acte de consommation a des impacts très différents sur le bien-être. Si le progrès de la société a pour but de rendre les individus heureux, il faudra prendre en compte ces effets – mais ceci n’est pas possible en utilisant uniquement des mesures objectives (monétaires ou autres).

Questionner les individus sur leur niveau individuel de bien-être représente donc une autre approche à l’évaluation des choix politiques : "Globalement, êtesvous très satisfait, plutôt satisfait, pas très satisfait ou pas du tout satisfait de la vie que vous menez ?". En agrégeant les réponses, des indicateurs de bien-être moyen au niveau du pays ont été crés, mais les réponses aux questions de bienêtre (les "données subjectives") [2] permettent aussi de remettre en question l’hypothèse consumériste au niveau individuel : quel est le véritable impact de la consommation sur le bien-être ? Le courant de la décroissance propose une sobriété volontaire comme mode de vie à la fois écologique et sain. Mais ses pourfendeurs le représentent comme moyenâgeux, tant par le déni des technologies que par une moralité jugée liberticide. S’agit-il d’une question de goût ? Y aurait-il une partie de l’humanité préférant le bonheur consumériste et une autre penchant vers une simplicité volontaire éco-compatible ? Ou bien n’y a-t-il pas une question sous-jacente sur la nature humaine ? Savoir dans quelle mesure le bien-être dépend de la consommation matérielle permet de définir les marges de manoeuvre d’une politique humaniste qui cherche à mettre le bien-être au centre de ses préoccupations tout en respectant les limites écologiques. Peut-être des données subjectives peuvent-elles apporter des éléments de réflexion ?

Dans un premier temps, la validité méthodologique de l’utilisation des données subjectives est mise à l’épreuve. Dans un second temps, des déterminants importants de bien-être sont présentés ainsi que les enjeux qui en résultent pour une politique écologique et humaniste.

Que peut-on attendre des données subjectives ?

Qu’est-ce que nous entendons par bien-être ? Dans le cadre des choix politiques, certainement pas un plaisir instantané, mais plutôt le bien-être d’une vie appréciée de manière globale. Cette notion est complémentaire à celle du "besoin", qui suggère une hiérarchisation des sources de bien-être. Par exemple, dans le modèle de Maslow les besoins physiologiques doivent être assouvis avant que d’autres besoins ne se manifestent (Maslow, 1943). Les données subjectives de bien-être pourraient aider à déceler les interactions entre les déterminants du bien-être et ainsi vérifier s’il existe des facteurs de bien-être fondamentaux que l’on appellera "besoins". Il faut donc s’assurer que les questions subjectives correspondent à cette définition du bien-être.

Tout d’abord, les données subjectives sont peu sensibles à la formulation précise des termes : celles-ci peuvent parler de "satisfaction de vie", "bonheur" ou "bien-être" (Layard, 2003). Les réponses ne doivent pas être influencées par l’humeur momentanée de la personne interviewée. Ainsi les amis d’une personne interviewée arrivent assez bien à évaluer l’état de bonheur général de la personne (Diener, 1984). On se sert également des "agendas subjectifs" dans lesquels les individus évaluent leur niveau de bien-être à plusieurs moments. L’évaluation subjective ex post du niveau de bonheur d’une certaine période est proche de la moyenne des niveaux de bonheur enregistrés à chaque intervalle (Balatsky et al., 1993). L’évaluation subjective du bien-être général n’est donc que peu influencée par le moment de l’entretien, mais correspond plutôt à l’historique des sentiments éprouvés.

Les réponses ne sont-elles pas trop sensibles à la personnalité, de la confiance en soi et des autres facteurs subjectifs pour être comparable ? Si l’on s’intéresse aux causes du bien-être, et non pas à la comparaison du niveau de bien-être entre individus ou pays, on peut contourner ce problème : avec un panel d’individus observés à plusieurs reprises, on observe l’évolution du bien-être dans différentes conditions. Par exemple, on constate un changement du niveau de bien-être avant et après une augmentation salariale ou un divorce. Comme cette stratégie ne fonctionne pas bien au niveau d’un pays, les comparaisons internationales pourraient être influencées par des différences culturelles ou linguistiques non liées au bonheur [3]. Néanmoins, on peut comparer l’effet d’une augmentation du revenu sur un individu et le comparer aux différences de bonheur moyen entre pays riches et pauvres.

Une fois l’indicateur de bonheur construit, une corrélation forte s’établit avec des mesures objectives comme le taux de suicide. Malgré une forte hésitation de la part des économistes, les tests des psychologues permettent de croire que les données subjectives reflètent une dimension intéressante du bien-être (Senik, 2003).

La dématérialisation peut-elle nous rendre heureux ?

L’analyse d’importants échantillons d’individus, dans de nombreux pays, montre certains déterminants du bienêtre. D’abord, les revenus comptent, jusqu’à un certain point. Ensuite, le bonheur matériel est relatif, c’est-à-dire que s’estime riche celui qui a plus que son voisin. Finalement, le bonheur est social : heureux celui qui a des amis. Quels enseignements peut-on en tirer pour une politique humaniste de sobriété matérielle ?

Premièrement, la redistribution matérielle est encore un sujet pertinent : bien que le revenu soit un déterminant important de bien-être, son importance décroît avec le niveau de revenu. Afin d’augmenter son niveau de bonheur d’un même degré, celui qui dispose déjà d’un salaire de 100 000 euros nécessite une augmentation salariale dix fois plus élevée que celui qui ne dispose que de 10 000 euros (Layard et al., 2008). Il en résulte qu’en termes de bien-être, le pauvre gagne plus que le riche ne perd suite à une politique de redistribution [4]. Ici les données subjectives montrent les limites des discours d’"opportunité" et d’"accès". En attendant la mise en place de l’égalité des chances, on pourrait par exemple augmenter le bien-être des plus démunis par la création d’un vrai revenu d’autonomie.

Au niveau international, on trouve même que le lien entre revenu moyen par habitant et niveau de bien-être moyen – très fort pour des pays à revenu moyen inférieur à 15 000 dollars par habitant – disparaît pour des pays au-dessus de ce niveau (Inglehart et al., 2000). L’intuition qu’il faudrait transférer des ressources matérielles vers ceux qui en ont le plus besoin se trouve donc dans ces données. Voici une manière écologique d’effectuer cette redistribution : si les habitants riches de la planète consomment moins, le prix des denrées diminuera au profit de ceux qui ont moins de revenus – il existe une concurrence mondiale pour les ressources naturelles (le débat sur les agrocarburants l’a rappelé). L’impact d’une diminution de la consommation sur le bien-être des riches sera moins grand que la hausse de celui des pauvres qui en résulte [5].

Deuxièmement, la valeur absolue du revenu n’est pas la seule qui compte : le revenu est comparé à un niveau de référence. Ce dernier est formé inconsciemment en fonction de l’entourage de l’individu (Clark et al., 1996). Il en résulte que, souvent, les diplômés ne sont pas plus contents de leurs salaires que les non-diplômés, leurs espérances salariales augmentant plus vite que leurs salaires. Le niveau de référence dépend également du revenu précédent, car on s’habitue à un certain niveau de vie. Mais comme l’effet de l’"habituation" à l’argent n’est pas anticipé, on surestime l’effet qu’une augmentation du revenu aura sur son propre bien-être (Easterlin, 2001). La propension des humains à se comparer reflète le désir de confirmer son statut social, c’est-à-dire la position dans une hiérarchie. Veblen a déjà souligné, à la fin du 19e siècle, comment une consommation ostentatoire s’installe avec comme but non son utilité immédiate, mais le statut social qu’elle confère (Veblen, 1899). Il s’ensuit une course au plus haut salaire qui diminue in fine le bien-être et la santé physique de tous (Marmot, 2004). Cet effet de "revenu relatif" sera d’autant plus grand que les différences matérielles sont grandes. Or ces inégalités qui alimentent concurrence de statut, frustrations et dégâts environnementaux ont fortement augmenté sous l’influence des politiques de soutien à la croissance (baisse d’impôts, faiblesse des syndicats, réduction des minima sociaux, etc..). Une croissance atteinte par ces moyens est donc accompagnée d’un bien-être moins élevé.

Troisièmement, l’importance pour le bonheur d’amitiés stables, de divorce ou de solitude ainsi qu’un impact fort du degré de confiance en autrui, sont les multiples déterminants sociaux du bienêtre. Il s’avère que l’aspect social de notre bien-être ne souffre pas d’un effet relatif. On ne trouve ni "course aux amis", ni effet d’habituation. Les politiques publiques influencent la vie sociale de la population aussi – par exemple par les politiques de transport et de mobilité. D’abord, le trajet quotidien au travail est non seulement estimé être la période la plus malheureuse de la journée (Kahneman, 2000) – en plus, ce temps est souvent pris sur le temps passé en famille ou entre amis. Or ces trajets sont fortement subventionnés par les collectivités locales et l’Etat. Au lieu de se limiter à vanter les transports en commun pour contrer le transport individuel, il serait temps de s’attaquer résolument à réduire le temps et les distances de trajet par un urbanisme plus équilibré et non par la croissance à tout-va des transports, privés comme publics. L’efficacité écologique relative des transports en commun est évidente, mais ces mêmes transports génèrent des flux supplémentaires qui nuisent au bonheur et à l’environnement. Ensuite, une trop grande mobilité des populations met en danger vie sociale et familiale heureuse et diminue le degré de confiance et autrui (Alesina et al., 2000). Comme les Européens – contrairement aux Nord-Américains – sont réticents à déménager en dehors de leur région, et encore plus de leur pays, la politique (p.ex. la stratégie de Lisbonne) soutient la mobilité – par des fonds européens de mobilité scientifique, aides aux expatriés, etc. L’aspect social du bien-être souffre de cette mobilité qui doit assurer que les travailleurs suivent l’emploi où qu’il soit. L’impact écologique néfaste des flux de transports, mais aussi de la construction urbaine qui doit s’adapter aux fluctuations des populations, est aussi multiple.

Quatrième point, l’organisation de la vie professionnelle. Sauf avancée technologique miracle qui réduirait massivement l’empreinte écologique, la surconsommation qui résulte de la quête du statut social est l’équivalent d’un surtravail : c’est un excès, aussi bien en ce qui concerne notre bien-être que pour l’équilibre de la planète. Ici encore, les politiques publiques sont directement concernées : d’abord les décisions de durée de travail – heures de travail, vacances, date de retraite – ne sont que rarement des choix individuels. En effet, le nombre moyen des semaines de vacances aux Etats-Unis (où il n’existe pas de législation dans le domaine), est inférieur aux minima légaux des pays européens, ce qui montre l’efficacité des régulations dans ce domaine (Faggio et al., 2007). La durée de travail n’est qu’un aspect de la qualité d’un emploi. D’autres aspects concernant les conditions de travail peuvent être améliorés pour compenser une diminution du revenu, car certains travailleurs opteraient pour un moindre salaire (et donc, consommation) si celui-ci était accompagnée par un gain de qualité du travail (Bonhomme et al., 2005). Il s’agit des aménités telles que la machine à café (et son effet social), mais aussi du degré d’autonomie accordé à l’individu dans l’entreprise (Benz et al., 2004). Ici, les études de bien-être confirment la pertinence psychologique de la démocratie en entreprise [6].

Discussion

On peut être réticent à participer à la perfusion des méthodes quantitatives en science sociale (et – quelle surenchère ! – une quantification du bonheur). En effet, l’utilisation des données d’enquête peut être considérée comme un déficit démocratique. Au lieu de chercher à extraire les facteurs de bien-être pour fonder une politique humaniste, pourquoi ne pas interroger directement les personnes concernées, dans le cadre d’un référendum ou d’un jury citoyen ?

Les indicateurs basés sur des données subjectives ne prétendent pas mesurer objectivement l’état de la société, ou évaluer objectivement l’action politique. Les données subjectives sont basées sur des questions simples et transparentes – mais l’agrégation des réponses sur le bien-être individuel reste un exercice difficile. On n’abandonnera pas la comptabilité de la consommation – qui a certes un impact sur le bien-être, mais de façon plus complexe que le PIB ne laisse entendre.

Il paraît primordial pour une politique écologique de respecter l’animal social qu’est l’humain avec ses habitudes (la "révolution lente" y prend tout son sens). Se placer résolument dans une démarche humaine de dématérialisation implique de démasquer les zélateurs de la croissance comme les vrais rabat-joie. En lançant des propositions bien informées sur la base de données empiriques, les écologistes pourront ainsi répondre à ceux qui craignent que le discours de la décroissance accompagne une dépolitisation spirituelle (Di Meo, 2006).

Bien sûr, toute mesure de décroissance matérielle n’augmentera pas automatiquement le bien-être, mais les choix politiques fixent les cadres des arbitrages : pour aller au travail ou voir ses amis, combien de kilomètres doit-on voyager et comment ? est-il possible de prendre des vacances en famille ? où habiter pour connaître ses voisins ? Ces choix devraient être guidés par une mesure de l’empreinte écologique et de l’impact sur le bien-être collectif. Certains points de convergence entre le bien-être et l’écologie ont été mis en évidence :

D’abord, la consommation matérielle procure moins de bonheur aux riches qu’aux pauvres, ce qui justifie une politique de "contraction et convergence" et une redistribution vers le bas. La fiscalité peut aider à ralentir la course à la consommation et sa facture écologique et de bien-être, sachant que les sources sociales de bien-être, par contre, ne sont pas limitées, ni par un effet de richesse, ni par la jalousie. Au nom d’une diminution de la consommation sans perte de bien-être, le temps de travail pourrait être réduit. Une meilleure organisation du travail pourrait également aider à faire baisser à la fois consommation matérielle et frustrations. Quelle importance accorder aux enseignements exposés ici ? Certains critiquent la pertinence des enquêtes sur le bien-être. Mais les données subjectives peuvent aider à évaluer des choix politiques sans créer un indicateur quantitatif et ainsi mettre au défi certaines idées reçues. Afin d’éviter une dictature des chiffres, l’ambition est bien d’ouvrir au plus grand nombre un débat sur les choix politiques et leurs conséquences humaines.

Bibliographie

Alesina et al., 2000, "The Determinants of Trust", NBER Working Paper, 7621.

Balatsky et al., 1993, "Subjective Well-Being among Russian Students", Social Indicator Research 28, 225-243.

Benz et al., 2004, "Being Independent raises Happiness at Work", Swedish Economic Policy Review 11, 95-134.

Bonhomme et al., 2005, "The Pervasive Absence of Compensating Differentials", Série des documents de travail du CREST, 2005-28.
Clark et al., 1996, "Satisfaction and Comparison Income", Journal of Public Economics 61(3), 359-381.

Coghill et al., 2003, "Neural Correlates of Interindividual Differences in the Subjective Experience of Pain", Proceedings of the National Academy of Science of the United States 100 (14), 8538-8542

Diener, 1984, "Subjective Well-Being", Psychological Bulletin 93, 542-575.

Di Méo, 2006, La Face cachée de la décroissance, L’Harmattan.

Easterlin, 2001, "Income and Happiness : Towards a Unified Theory", The Economic Journal 111(juillet), 465-484.

Faggio et al., 2007, "Patterns of Work across the OECD", Economic Journal 117 (521), 416-440.

Inglehart et al., 2000, "Genes, Culture, Democracy and Happiness", in Diener et Sug (2000), Culture and Subjective Well-Being, MIT Press.

Kahneman, 2000, Choices, Values and Frames, ch.37, Cambridge University Press. Layard, 2003, "Happiness : Has Social Science Got a Clue ?", Lionel Robbins Memorial Lectures 2002/3, London School of Economics.

Layard et al., 2008, "The Marginal Utility of Income", SOEpapers, avril. Marmot, 2004, The Status Syndrome : How Social Standing Affects Our Health and Longevity, Times Books.

Maslow, 1943, "A Theory of Human Motivation", Psychological Review 50, 370-396.

Senik, 2003, "What Can we Learn from Subjective Data ?", DELTA Working Paper Serier 2003-06.

Veblen, 1899, Theory of the Leisure Class, Houghton-Mifflin.


[1Voir l’entretien avec Jean Gadrey et l’article de Florence Jany-Catrice dans ce numéro.

[2Les enquêtes qui interrogent un grand nombre d’individus sur le bien-être sont menées par des offices statistiques ou des organismes internationaux, avec parfois des entretiens multiples sur de longues périodes.

[3Les indicateurs internationaux (par exemple, le "Happy Planet Index") sont basés sur des comparaisons qui supposent que les données subjectives correspondent à un bonheur objectif. De nombreux psychologues tentent de démontrer que les réponses subjectives correspondent à une réalité psychique au niveau cérébral (Coghill et al., 2003). Mais de nombreux philosophes insistent sur l’impossibilité de réduire le bonheur à un état neurologique.

[4L’argument selon lequel la croissance des pays riches "tirerait" celle des pays pauvres est tenace, mais d’autres facteurs déterminent plus l’enrichissement d’un pays que la croissance mondiale.

[5La moindre incitation à travailler ainsi que les habitudes de consommation des plus aisés limitent le degré de redistribution optimale à court terme.

[6Les travailleurs sont conscients de ne pas être acteurs (pour reprendre un slogan récent des Verts – "faire de chaque citoyen un acteur conscient"), et demandent une compensation monétaire en échange – augmentant ainsi la consommation matérielle.