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édito

octobre 2002, par La rédaction

Si le sommet de Johannesburg a vu un retour en force des questions
énergétiques dans le débat mondial sur l’avenir de la planète, c’est bien
parce que les choix énergétiques sont au coeur de nos choix de
développement. Mais il serait vain de croire qu’une fuite en avant
productiviste, basée sur l’utilisation de ressources non renouvelables,
principalement le gaz et le pétrole, permettrait l’accès à l’énergie de
milliards d’êtres humains qui en sont aujourd’hui privés. Leur épuisement
est désormais notre horizon historique et leur utilisation sans cesse
croissante est la principale responsable de la crise climatique qui menace
notre planète.

Le nucléaire (sûr ?, économe ?, éprouvé techniquement ?) est brandi par
certains
responsables politiques et économiques comme la seule alternative possible.
Il ne nous resterait plus alors qu’à accepter l’accumulation de déchets
ingérables, de prendre le risque d’une prolifération à l’échelle mondiale
du nucléaire militaire. Ce serait également parier sur une technologie qui
fait année après année la preuve de son inefficience économique (la
faillite actuelle de l’opérateur privé British energy est là pour le
rappeler), au mépris de son rejet par une majorité de personnes.

Ce qui fonde aussi et surtout notre rejet du nucléaire, c’est le risque
d’accident : Three Mile Island aux USA en 1979, Tchernobyl en Ukraine en
1986, Tokai-Mura au Japon en 1999 ; Fessenheim, Nogent sur Seine demain ?
Danger totalement incommensurable pour cet objectif finalement banal qu’est
la production industrielle d’électricité.
La France, à l’égard du nucléaire, fait encore figure d’exception. La
construction de l’Etat sous la Ve République fut intimement liée au pouvoir
nucléaire. Assise sur la toute puissance des nucléocrates, cette
intrication entre un choix énergétique et un système politique a fait de
notre pays celui qui dépend le plus du nucléaire pour son approvisionnement
électrique, sans lui procurer aucune indépendance énergétique.

D’autres scénarios, esquissés dans le dossier, sont possibles. Ils
impliquent une forte diversification des sources d’énergie, une plus grande
efficacité et maîtrise énergétiques, une mise en débat -du local au global-
des choix énergétiques et de nos modes de vie, et une véritable réflexion
sur ce que devrait être un service public planétaire de l’énergie
soutenable.

Le nucléaire reste le symbole du développement insoutenable,
irresponsabilité collective, menace permanente et non maîtrisable.

Egalement dans ce numéro, retour en forme de bilan de la mandature achevée
sur les perspectives des résistances citoyennes au capitalisme BioTech,
poursuite de la réflexion sur la nécessaire démocratisation de la science
et de la technologie dans un contexte mondial où leur rôle apparaît de plus
en plus central, ouverture d’un débat sur la place et la construction
proprement ’idéologique’ de la génétique comme paradigme de la biologie, et
un plaidoyer pour une politique des conditions de travail. Illustrations
multiples de la nécessité de changer nos ’outils’ pour faire émerger une
alternative sociétale.