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Editorial : quelle(s) valeur(s) pour la biodiversité ?

jeudi 8 décembre 2011, par EcoRev’

2010, "Année internationale de la biodiversité", a sonné le glas des objectifs annoncés en 2001 par l’Union européenne, à la suite de la Convention sur la diversité biologique signée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992...

Las d’assister, impuissants, à l’érosion croissante de la biodiversité, au saccage de la nature, de voir la société scier la branche sur laquelle est assise, certains environnementalistes en viennent à penser qu’il faudrait utiliser des concepts économiques pour convaincre les politiques de sauvegarder la nature, voire pour rémunérer des pratiques favorisant des "services environnementaux" utiles à l’homme.

Mais "monétariser" ainsi la nature pose la question de la valeur. Quelle(s) valeur(s) accorde-t-on à la biodiversité ? Que signifie le processus d’évaluation monétaire de la nature ? Qu’en disent les praticiens eux-mêmes ? Qu’en est-il de l’utilisation effective des évaluations économiques réalisées ?

La question du chiffre comme outil de décision et de domination avait été traitée d’un point de vue global dans le n°31 d’EcoRev’ intitulé "Des chiffres et des êtres". Dans la continuité, le présent dossier se concentre plus précisément sur l’évaluation monétaire de la nature. Tout en précisant les problèmes éthiques et philosophiques posés, ce dossier montre que l’effort de monétarisation, s’il semble indispendable aujourd’hui pour entrer en dialogue avec les décideurs, ne donne pourtant pas souvent lieu aux décisions politiques espérées ; cette recherche de valorisation économique peut même se retourner contre les défenseurs de l’environnement, en réduisant la valeur de la nature à ce qui est chiffrable et en ouvrant la voie à sa marchandisation.

Finalement, tandis que pour le philosophe Patrick Viveret les questions sur la valeur économique devraient être déterminées par les considérations sur la valeur éthique, c’est à un tout autre projet que s’attèle le système capitaliste en crise. En élargissant la sphère marchande jusqu’au domaine du vivant et de la nature, il se prépare plutôt à soumettre ce dernier à la finance, sur la base d’une confusion savamment entretenue entre registre économique de la valeur et registre éthique des valeurs...

La rédaction.