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édito

juin 2002, par La rédaction

Les valeurs fondatrices du monde rural ont subi de profondes mutations. La place qui était la sienne, dans la République et dans l’Europe, est en pleine recomposition. Cet espace sait pourtant réagir et offrir de nouvelles perspectives, et pas seulement pour les acteurs et actrices du monde rural, mais pour notre société entière. Le dossier souhaite présenter quelques dimensions des "Modernités de la ruralité".

Les références qui fondaient le mode de développement agricole (auto-suffisance, productivité, vocation exportatrice) et donc de l’espace rural, s’épuisent. Désormais, les discours officiels mettent en avant la vocation environnementale des espaces ruraux. Ainsi, l’activité agricole aurait un rôle à jouer dans la construction du rapport des sociétés à la nature, et au vivant. Elle aurait aussi une fonction de réorganisation de l’appropriation de l’espace (dichotomie ville/campagne, stratégies de développement du territoire). Elle aurait tendance à assurer simultanément des fonctions économiques, sociales, spatiales et environnementales. Mieux encore : au coeur d’une nouvelle logique de réorganisation du territoire (politique d’aménagement, décentralisation, ou intercommunalité), l’espace rural deviendrait l’image d’un territoire français enfin réunifié, loin d’une fracture spatiale instaurée par plus de trente année de productivisme agricole
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Un beau texte de Jean Giono nous rappelle les enjeux clés d’un développement soucieux de la nature et des hommes. Pierre Alphandéry témoigne de la diversité des figures que recèle ce monde rural, lié à son passé, mais obligé de se confronter aux dynamiques sociales de l’ère urbaine. Agnès Bonnaud et Alain Tredez montrent, chacun à leur manière, le dynamisme de ces zones rurales, soucieuses de développer des formes d’activités reliées à des pratiques sociales anciennes et porteuses d’identités locales. Bruno Villalba éclaire le phénomène politique qu’est CNPT, loin d’une simple vision corporative. Jacques Maret, responsable de la commission agriculture-ruralité, présente les grands axes du discours des Verts dans ce domaine. Matthieu Calame élabore un bilan serré des politiques agricoles et agro-environnementale du gouvernement Jospin. Enfin, le point de vue de la Confédération paysanne précise les préoccupations syndicales dans l’espace national et européen. Ces textes rappellent la place prééminente que tient, encore, la question agricole. Cependant, il convient de prendre en compte la diversité des situations locales et des enjeux humains soulevés par la recomposition des territoires.

Les impacts du 21 avril 2002 ne pouvaient être ignorés. Pierre Tévanian analyse les nouvelles percées de l’extrême droite (nous consacrerons un dossier à l’internationale brune qui monte partout en Europe dans le n° 10). Olivier Petijean revient sur les raisons d’une débâcle de la gauche gouvernementale et plus particulièrement du PCF. Si les Verts semblent debout dans le champ de ruine de la gauche, ils ne pourront jouer un rôle moteur dans le renouveau qu’à la condition de tirer les leçons d’une expérience décevante de participation au gouvernement Jospin et de changer de cap stratégique. EcoRev’ présente sa vision du bilan de l’activité gouvernementale des Verts, et tentera de prendre sa part à cette reconstruction qui s’engage.