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Les savoirs paysans, une clé pour l’éradication de la faim et de la pauvreté

vendredi 16 juillet 2010, par EcoRev’

Les réflexions sur l’évolution agricole mondiale oublient trop souvent que le « marché agricole mondial » ne représente que 5 à 10 % de la production alimentaire de la planète : tout le reste, c’est-à-dire la quasi-totalité, est d’abord consommée sur place ou échangée dans des systèmes locaux. Les solutions imaginées d’en-haut par les économistes ignorent ainsi très souvent la réalité primordiale de l’agriculture : les savoirs et les outils techniques et organisationnels sont avant tout dans les mains des petits paysans. Dans l’article qui suit, Michel Pimbert, de l’Institut International pour l’Environnement et le Développement, basé à Londres, nous rappelle la richesse de ces savoirs paysans, et le rôle que pourra jouer leur reconnaissance et leur valorisation dans la lutte contre la faim.

Les gouvernements et la communauté internationale ont produit récemment nombre de chiffres sur l’augmentation de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire, le fossé qui s’élargit entre riches et pauvres, le changement climatique, la perte de biodiversité et l’effondrement des fonctions écosystémiques. Un fait notable dans tous ces rapports est le manque de reconnaissance du rôle passé, présent et éventuellement à venir, des savoirs des petits paysans [1] et de leurs organisations locales pour satisfaire les besoins humains fondamentaux et ménager l’environnement. De plus, la plupart des propositions de réformes et de politiques en réponse à ces crises multiples en appellent à plus de marché ou à plus d’intervention publique technocratique. Les savoirs et les modes d’organisation paysans sont rarement évoqués dans ce contexte.
La résolution de la crise alimentaire dépend du renversement de ce biais bien ancré à l’encontre des savoirs paysans. En effet, un avenir soutenable et sûr en matière d’alimentation, d’agriculture, de bien-être humain et d’environnement nécessite de mettre les savoirs et les organisations paysannes au centre de la décision et de l’action publique.

Le rôle des organisations locales dans la gestion des systèmes alimentaires

Les systèmes alimentaires incluent non seulement la production de nourriture, mais aussi sa transformation, sa distribution, son accès, son usage, son recyclage et ses déchets. Il existe encore des systèmes alimentaires très variés – particulièrement dans les pays en voie de développement. La plupart de la nourriture à l’échelle mondiale est cultivée, récoltée et collectée par 2,5 milliards de petits paysans, de pasteurs, de cultivateurs sans terre et de pêcheurs artisanaux. Cette nourriture est vendue, transformée, revendue et consommée essentiellement à un niveau local, de nombreuses personnes tirant leur revenu et leur subsistance d’une activité située à un point ou l’autre de cette chaîne – de la graine à l’assiette.
Ces systèmes alimentaires locaux fournissent les bases de l’alimentation, du revenu, de l’économie et de la culture de populations dans le monde entier. Ils partent du niveau domestique pour s’étendre au voisinage et aux niveau communal et régional. Ils dépendent des savoirs locaux et de nombreuses organisations qui coordonnent la production alimentaire, son stockage et sa distribution, ainsi que l’accès des populations à la nourriture. Les contextes écologiques et institutionnels dans lesquels évoluent les différents systèmes alimentaires dépendent également des savoirs paysans et des activités coordonnées par leurs organisations pour assurer leur renouvellement et leur durabilité.
Dans le monde entier, la recherche montre que les savoirs locaux et les organisations paysannes – individuellement et collectivement – jouent un rôle clef dans la préservation des systèmes alimentaires locaux, des moyens d’existence et de l’environnement.

Des savoirs pour une gestion locale adaptée des environnements vivriers

Les groupements locaux possèdent les connaissances qui leur permettent de faire appliquer les règles, les incitations et les sanctions nécessaires à la gestion adaptée et durable des paysages, des processus environnementaux et des ressources dont dépendent les systèmes alimentaires locaux. Ils développent généralement des régimes fructueux de gestion adaptée lorsqu’ils s’appuient sur la richesse des savoirs des populations rurales – hommes, femmes, jeunes – concernant la gestion des forêts vivrières, des zones humides, des champs, des prairies, des zones côtières et des écosystèmes d’eau douce.
A travers leurs organisations locales, les peuples indigènes, les pêcheurs, les cultivateurs, les habitants des forêts et les pasteurs ont appris à s’appuyer sur un spectre sophistiqué d’indicateurs pour s’adapter aux variations de l’environnement et assurer la résilience de leurs systèmes alimentaires, ainsi qu’à semer et récolter au moment opportun. Ces indicateurs incluent le début des pluies saisonnières, la première neige, la feuillaison de certains arbres au printemps, l’éclosion de certaines fleurs, ou encore l’apparition de certains oiseaux migrateurs. Dans les pays sahéliens comme le Burkina Faso, les cultivateurs suivent de près les mouvements migratoires des oiseaux, la chute des feuilles dans la forêt ainsi qu’un grand nombre d’autres indicateurs pour déterminer ou ajuster les dates de plantation, le choix des cultures ou des variétés à planter. Il existe de nombreux exemples documentés de l’usage d’indicateurs multiples par des petits paysans qui ajustent constamment leurs activités à des contextes changeants. Les capacités à compter sur un savoir aussi précis en termes d’indicateurs est de plus en plus reconnue comme une clef de l’adaptation au changement climatique.
Au niveau local, les producteurs et leurs organisations exploitent aussi la diversité biologique à l’intérieur et entre les espèces pour s’adapter aux variations environnementales dans leurs champs, forêts, zones humides, prairies et paysages. Par exemple, les pasteurs nomades d’Afrique et d’Asie entretiennent délibérément des troupeaux mixtes afin de minimiser les risques et d’amortir les changements dynamiques typiques des écosystèmes de prairie. Leur bétail est en général diversifié génétiquement, donnant la préférence à des races plus rustiques. Dans le monde entier, les petits producteurs comptent sur leur savoir minutieux pour mettre au point des systèmes alimentaires soutenables et remarquablement riches en biodiversité (voir encadré 1).

Grâce à leurs connaissances riches et spécifiques à leur lieu de vie, de nombreux petits producteurs ont exploité efficacement la biodiversité pour résoudre les problèmes et dépasser les contraintes de production. On a beaucoup d’exemples de paysans faisant consciemment usage de mélanges génétiques, de systèmes de cultures associées, de polyculture et d’agroforesterie pour désherber, contrôler les insectes et les maladies, maintenir la fertilité des sols et plus généralement réduire les risques. Il faut noter que la science moderne de l’agro-écologie s’appuie souvent sur ces savoirs paysans pour créer des agricultures et des modèles d’usage de la terre plus soutenables.

Les savoirs contenus dans les règles d’usage sur l’accès des populations à la terre et à la nourriture

En utilisant les savoirs de leurs membres, les organisations paysannes locales négocient et font respecter un large spectre de normes (règles et pratiques traditionnelles) et de procédures (pour l’élaboration de lois, le règlement des différends) afin de coordonner l’accès (et l’usage) aux ressources naturelles dont dépend la production alimentaire. Dans le Rajasthan (Inde occidentale), des comités auto-initiés de protection des forêts vont jusqu’à donner des amendes aux contrevenants (le montant dépendant de leur solvabilité) ou mettent en œuvre des sanctions sociales.
Les riches savoirs contenus dans les accords de gestion traditionnelle des populations de pêcheurs de Jambudip (Inde) aident à coordonner les variables complexes de la topographie des fonds marins, des conditions marines et des périodes de marée dont dépend la conduite des poissons, garantissant à la fois de bonnes prises et la sécurité des pêcheurs en mer. Dans la sélection des fonds marins où ils pratiquent leurs activités, ces pêcheurs sont comme des agriculteurs qui classifient les sols selon leur fertilité et le type de culture qu’on peut y faire. Le « sol » des fonds marins est classé selon sa capacité à supporter les filets, et selon la fertilité en quantité et en types de poissons dans ses eaux. De tels accords et pratiques de gestion ont aidé à réguler l’accès aux environnements côtiers et à conserver une diversité marine considérable.
Une fois la production assurée dans les champs, les forêts, les pâtures et les eaux, les organisations locales contrôlent sa transformation dans des contextes locaux variés. Beaucoup déterminent également l’accès des populations à la nourriture. Dans tous les cas, ce sont de riches savoirs locaux qui sont utilisés pour guider ces décisions. Les échanges économiques informels, tels les marchés de subsistance et le troc, passent par la médiation d’un niveau complexe. Dans les Andes péruviennes, des marchés de troc menés par des organisations de femmes assurent la sécurité alimentaire et nutritionnelle des plus pauvres. Le volume et la valeur marchande de la nourriture échangée dans ces réseaux d’organisations locales polycentriques peuvent être bien supérieurs à ceux qui s’échangent sur les marchés formels. Néanmoins, la plupart des économistes du développement et des think-tanks politiques, ainsi que des gouvernements et des donateurs internationaux, ignore le potentiel énorme de ces savoirs sur la variété des échanges économiques pour satisfaire les besoins humains.

Les savoirs paysans transmis à travers des fédérations et des réseaux organisés pour influencer les décisions politiques

Les organisations fédérées ont un rôle important à jouer dans la prise en compte des savoirs, des exigences et des centres d’intérêt des petits paysans et d’autres citoyens, dans de nombreuses sphères. Beaucoup de ces fédérations de ruraux ou d’urbains pauvres sont bien placées pour promouvoir une forme non-étatique de démocratie délibérative, qui vise à obliger les institutions nationales et mondiales à rendre des comptes aux citoyens – en particulier à ceux qui sont exclus de la prise de décision. Des innovations audacieuses comme le Prajateerpu (le « verdict populaire ») sur l’avenir alimentaire et agricole du Sud de l’Inde dessinent des manières nouvelles de rassembler des coalitions et des fédérations, pour faire peser les savoirs paysans dans le choix des modèles de développement (voir encadré 2).

Les connaissances et les priorités des petits paysans, exclues des processus de décision, peuvent être portées avec succès par des fédérations de producteurs. En effet, ces structures cherchent de plus en plus à faire accepter leur voix dans la gouvernance des systèmes alimentaires. Elles défient ainsi la culture libérale, selon laquelle la citoyenneté est une suite de droits et de devoirs garantis par l’Etat. Au contraire, dans le contexte d’un système alimentaire décidé à la base, la citoyenneté est revendiquée, et les droits concrétisés, à travers l’action des populations elles-mêmes. Les organisations et les fédérations deviennent donc l’expression d’une citoyenneté émergente en matière de gouvernance alimentaire. Il est significatif que ces structures prennent désormais l’initiative dans le développement de cadres alternatifs aux politiques agricoles et alimentaires – de nouveaux paradigmes comme la « souveraineté alimentaire » qui visent à garantir et à protéger les espaces des populations, leur droit et leur capacité à définir leur mode de production, de distribution et de consommation. Ici encore, le savoir varié des petits paysans est au cœur d’un processus de redéfinition de l’alimentation, de l’agriculture et du bien-être humain – pour rendre possibles d’autres mondes ici et maintenant.

La voie « business as usual » n’est maintenant plus une option en matière d’alimentation et d’agriculture. Les gouvernements technocratiques et les marchés contrôlés par les grandes entreprises ont échoué, pour l’être humain et son environnement, à des échelles jamais vues. Pour résoudre les multiples crises sociales et environnementales qui minent la sécurité alimentaire, il faudra remettre les petits paysans au centre de la gouvernance et de la gestion des systèmes alimentaires. Les organisations locales de producteurs et leurs savoirs n’offrent pas seulement des solutions sur mesure pour les besoins locaux. Ils défient aussi les paradigmes développementalistes dominants, offrant des définitions radicalement différentes du bien-vivre et d’un mode de vie soutenable.

Michel Pimbert
Directeur du programme « Agriculture soutenable, biodiversité et moyens de subsistance » à l’IIED (Londres)
michel.pimbert@iied.org

Traduit de l’anglais par Isabelle Lamaud et Aude Vidal

NB : Cet article se base sur un matériel et des références présentés dans un ouvrage multimédia en ligne : « Towards Food Sovereignty. Reclaiming autonomous food systems » by Michel P. Pimbert (2010), http://www.iied.org/natural-resourc....

Encadré 1 : Savoirs paysans et usage créatif de la biodiversité

De nombreuses formes de biodiversité agricole ("cultivée", "élevée" ou "sauvage") sont utilisées par des personnes différentes, à différents moments et différents endroits. La résilience des systèmes alimentaires dépend d’un tel usage créatif de la diversité biologique par des organisations locales de producteurs pour minimiser les risques et concrétiser les nouvelles opportunités offertes par les dynamiques de changement. Par exemple :
– Les communautés de cultivateurs indigènes des Andes ont domestiqué plus de 70 espèces et généré une impressionnante diversité de variétés génétiquement distinctes à l’intérieur de ces espèces. Les paysans indigènes de la province de Cuzco (au Pérou) cultivent souvent de 60 à 80 variétés de pommes de terre dans leurs champs en terrasse.
– En Inde du Sud, des organisations locales de paysans coordonnent les efforts collectifs et individuels pour adapter étroitement le choix des variétés cultivées aux différents types de sols rencontrés d’une ferme à l’autre ou d’un bassin versant à l’autre. Les fermiers des terres sujettes à la sécheresse dans la région de Telengana (Andhra Pradesh) reconnaissent les types de sols selon leur couleur, leur texture, leur goût, leur odeur. Ces critères sont utilisés comme indicateurs pour décider quelles variétés semer dans les différents micro-environnements arides.
– Les terres indigènes occupent un cinquième de l’Amazonie brésilienne - cinq fois la surface protégée par les parcs nationaux - et représentent actuellement le frein le plus important à la déforestation de la région. Des recherches récentes montrent de plus que la déforestation et les feux sont significativement moindres dans les régions habitées (terres indigènes, réserves extractives) que dans les grands parcs nationaux inhabités (plus de 10 000 ha ) du Brésil. Les organisations locales indigènes sont activement impliquées dans la coordination des modes d’accès et d’usage des ressources en raison de leur savoir étendu sur l’écologie de la forêt amazonienne. Cela donne lieu au maintien actif d’une mosaïque d’écosystèmes complexes et riches en biodiversité, constituant une protection contre les menaces extérieures, les stress et les variations environnementales, parmi lesquels le changement climatique.
– De nombreuses populations rurales, quel que soit leur type d’usage de la terre (pastoralisme, culture en continu ou itinérante...) incorporent délibérément des ressources sauvages à leurs activités dans le but de s’adapter aux variations environnementales. Dans le Nord-est de la Thaïlande, par exemple, 50% de la nourriture consommée consiste en nourriture sauvage des rizières, à savoir poissons, serpents, insectes, champignons, fruits et végétaux nutritifs qui sont disponibles selon les saisons et les différents micro-environnements. Les ressources sauvages sont spécialement importantes pour la sécurité alimentaire et le maintien des moyens d’existence des femmes, des enfants et des pauvres, particulièrement à des périodes de stress, telles les sécheresses, les variations dans la disponibilité des terres et de l’eau, et les changements de conditions environnementales.

Encadré 2 : Prajateerpu, un jury citoyen sur l’avenir alimentaire et agricole de l’Andhra Pradesh

Prajateerpu (ou verdict populaire) a constitué un exercice de démocratie délibérative impliquant des citoyens des trois régions de l’état d’Andhra Pradesh. Le jury citoyen était constitué de représentants de petits paysans marginalisés, de petits négociants, de transformateurs, et de consommateurs. Prajateerpu était organisé conjointement par la Coalition d’Andhra Pradesh pour la défense de la biodiversité (constituée de 145 organisations de la société civile), par l’IIED (Institut international pour l’environnement et le développement) de l’université du Sussex, l’université d’Hyderabad en Andhra Pradesh et le NBSAP (Plan national indien se stratégie et d’action pour la biodiversité). Les auditions du jury ont eu lieu en juin 2001 dans le district du Medak de l’Andhra Pradesh. Le jury incluait aussi des indigènes (appelés en Inde adivasi), et plus de deux tiers de femmes. Ses membres se sont vu présenter trois scénarios différents, chacun étant défendu par ses promoteurs les plus influents et qui tentaient d’en faire saisir la logique. Au jury de décider quel scénario de politiques publiques, ou quelle combinaison de scénarios, leur donnait les meilleures chances d’améliorer leurs moyens d’existence et leur sécurité alimentaire ainsi que leur environnement pour les vingt prochaines années.

Scénario 1 : "Vision 2020". Ce scénario était avancé par le ministre de l’état de l’Andhra Pradesh, appuyé par un prêt de la Banque mondiale et un soutien budgétaire du DFID britannique (département pour le développement international). Il proposait la consolidation des petites fermes, la modernisation et la mécanisation rapides du secteur agricole. Des techniques productivistes comme la modification génétique seraient mises en œuvre dans la culture et la transformation alimentaires, réduisant le nombre de personnes vivant de la terre de 70 à 40% pour 2020.

Scénario 2 : Un modèle rentable d’agriculture biologique d’exportation. Ce modèle était proposé par l’IFOAM, forum international pour l’agriculture biologique et par le Centre du commerce international (Organisation mondiale du commerce et Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement) pour une agriculture biologique dirigée vers les marchés nationaux et mondiaux. De telles approches sont influencées par la demande de la grande distribution du Nord de produits bio bon marché, en phase avec les nouveaux standards écologiques.

Scénario 3 : un système alimentaire local. Ce scénario était basé sur l’amélioration de l’autosuffisance des communautés rurales, une agriculture avec peu d’intrants, et la relocalisation de la production alimentaire, des marchés et des économies, mais aussi le commerce à plus grande échelle, pour les surplus de la production locale ou les produits qui ne sont pas cultivés sur place.

Le travail en ateliers était sous le contrôle d’un panel indépendant d’observateurs extérieurs issus de différents groupes d’intérêt. Ils devaient s’assurer que chaque "avenir alimentaire" était présenté de manière équitable et impartiale, et que le processus était digne de confiance et n’était asservi à aucun groupe d’intérêt.
Les conclusions phares des membres du jury, leur "vision d’un avenir alimentaire", comprenaient notamment les traits suivants :
– nourriture et culture en vue de l’autonomie, et contrôle communautaire des ressources ;
– maintien des sols en bonne santé, de cultures, d’arbres et de bétails variés ;
– développement des savoirs indigènes, des compétences pratiques et des institutions locales.
Elles formulaient aussi des oppositions :
– à la réduction de la population agricole de 70 à 40% en l’état ;
– à la restructuration de la terre dans des mains moins nombreuses et au déplacement des populations locales ;
– à l’agriculture contractuelle ;
– à la mécanisation aux dépens de l’emploi ;
– à la perte de contrôle sur les plantes médicinales, y compris à l’exportation.

Prajateerpu , et les événements qui ont suivi, ont montré qu’il était possible d’inclure les savoirs et les priorités des pauvres et des marginalisés dans la décision politique. Par leurs liens avec les processus de décision étatiques et internationaux, les conclusions du jury et les voix des citoyens ont encouragé la délibération publique et le pluralisme dans l’élaboration des politiques agricoles en Andhra Pradesh. Le gouvernement qui avait promu "Vision 2020" a été désavoué en 2004. L’électorat largement rural de l’état a voté contre un gouvernement qui, selon lui, négligeait ses besoins et son bien-être. De même, les questions mises au centre du débat par Prajateerpu ont participé à la création d’une enquête du parlement britannique sur les impacts de l’aide publique bilatérale en Inde, et dans l’Andhra Pradesh particulièrement.

Source : www.prajateerpu.org


[1Les « petits paysans » sont ces hommes et ces femmes qui cultivent et récoltent des produits agricoles et forestiers, qui élèvent du bétail et pêchent du poisson et autres organismes aquatiques. Ce sont des propriétaires familiaux de terre ou de bétail, des pasteurs nomades, des pêcheurs artisanaux, des paysans sans terre, des ouvriers agricoles, des jardiniers, des habitants des forêts, des peuples indigènes, des chasseurs et des cueilleurs, et autres utilisateurs à petite échelle des ressources naturelles en vue de la production de nourriture.