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Les écolos, seuls tenants du vrai « progrès »
Une réponse au journal Le Monde
jeudi 19 avril 2007
Il est toujours remarquable de lire dans le même journal des enquêtes bien informées et des tribunes d’une idéologie crasse et coupée des réalités. Dans son édition du samedi 7 avril, Le Monde publiait ainsi l’article « Maudit charbon chinois », qui présentait les énormes questions sociales et environnementales posées par la croissance dans ce pays, et la croustillante chronique d’Eric Le Boucher vilipendant les partisans d’une écologie « de la peur et de l’anti-progrès ».
Selon l’éditorialiste, « on ne peut s’empêcher de penser que leur pression politique et médiatique biaise la recherche d’une bonne politique énergétique économe et finalement énergétique ». On n’avait pas remarqué que les écolos assurent la pluie et le beau temps dans les rédactions des faiseurs d’opinion, pour lesquels la croissance reste la clé de tous nos problèmes, mais passons. Eric Le Boucher affirme par exemple que les Verts « sont en contradiction avec eux-mêmes » car « l’atome est la seule technologie disponible pour produire massivement de l’électricité sans émettre du CO2 ».
On voit bien que les idéologues ne sont pas où l’on croit. Que nous disent les scientistes dont Eric Le Boucher se fait le porte-parole, citant par exemple Claude Allègre, seul contre tous les scientifiques de la planète, unanimes à affirmer que l’activité humaine accélère le réchauffement ? Les scientistes affirment : la technologie résoudra les dégâts qu’elle a elle-même causé. Dans « Utopies techno, réalisme écolo », le dernier dossier d’EcoRev’, modeste revue d’écologie politique, nous avons voulu démonter cette posture, arguments à l’appui. Nous affirmons au contraire que les propositions des experts écologistes sont les plus sensées, économiquement et socialement parlant. Exemple tiré d’un article de ce dossier, signé Benjamin Dessus : si les capacités de production nucléaire mondiale étaient multipliées par 4 d’ici 2030 dans le monde, atteignant 10000 TWh, avec 29 nouveaux pays accédant a cette technologie, l’économie des émissions de CO2 cumulées sur cette période (par rapport a un scénario tendanciel sans relance du nucléaire) serait de seulement 3%... Et les ressources en uranium seront épuisées 50 ans plus tard. Rappelons que les secteurs émetteurs de CO2 sont d’abord les transports et l’agriculture, dont les besoins en électricité nucléaire sont pour le moins limités.
Eric Le Boucher écrit sans rire que les OGM permettront de « produire rapidement des plantes destinées à être transformées en carburant ». Evitons là encore l’aspect purement environnemental - les effets des plantes génétiquement modifiées pour émettre leurs propres pesticides sont loin d’être neutres, le doute persiste sur leur innocuité pour la santé... Limitons nous à cet argument de connaisseurs des biocarburants : même en plantant du colza, de la canne a sucre ou des betteraves sur l’ensemble des terres arables, on ne fera rouler au mieux que 10% du parc de véhicules. Et on ne sera pas à l’abri de crises alimentaires, type augmentation du prix des tortillas de maïs au Mexique parce que les US veulent carburer au géant vert.
Pour nous, écologie rime avec économie : on peut réduire de moitié notre consommation d’énergie tout en se passant de nucléaire et sans revenir à la bougie, en diffusant les techniques existantes les plus sobres, et en modifiant nos comportements prédateurs. On peut agir, à condition de vouloir donner un sens a notre économie : la décroissance de notre consommation et la croissance du bien être, pas seulement des richesses.
La rédaction