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Entrer en prison pour aider à en sortir
lundi 19 janvier 2004
S’engager par-delà les murs, c’est ce que font plusieurs groupes ou associations en France. Chacun y agit à sa manière, à l’intérieur ou au sortir des prisons : publication de textes et de rapports, observation, aide matérielle, interventions ponctuelles, mise en réseau de personnes, soutien scolaire, visites (Ban public, Association nationale des visiteurs de prison, Génépi, Croix Rouge... cf. la biblio-sitographie).
Voici à l’exemple de l’activité de trois associations, quelques idées d’engagement citoyen au cœur de l’univers carcéral. Toutes se donnent pour but la réinsertion sociale des personnes incarcérées.
Genepi met les détenus sur les bancs de l’école plutôt qu’au ban de la société
Le Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées est né en 1976 au lendemain de violentes émeutes dans le milieu carcéral qui firent émerger l’idée d’une intervention extérieure. Génépi œuvre plus particulièrement au développement de liens entre les étudiants et le monde pénitentiaire, en vue d’écarter un peu les murs et faciliter ainsi la réinsertion sociale des personnes incarcérées. L’association est constituée de 50 groupes locaux en France, ce qui correspond à 800 bénévoles actifs dans 60 établissements pénitentiaires. Hors de ces murs, Génépi s’adresse aussi aux citoyens et a, par exemple, touché 5000 élèves au sein de 85 établissements en France l’année dernière. Le " dedans " et le " dehors " sont complémentaires, la réinsertion sociale se jouant des deux côtés des murs.
Les conditions de participation à Génépi : être un-e étudiant-e majeur-e sans casier judiciaire et suivre les cinq formations obligatoires (d’un ou deux jours chacune). L’investissement s’élève ensuite à environ une heure et demie d’intervention par semaine.
– Dedans... intervention en détention
Il s’agit de répondre au droit au savoir des personnes incarcérées et par-là même de les responsabiliser face à un univers carcéral infantilisant. Génépi propose du soutien scolaire (initiation, préparation d’examens, etc.) en cours particulier ou collectif et des activités socio-culturelles (théâtre, arts plastiques, revue de presse, jeux de société, etc.) pour insuffler une dynamique de groupe, reconstruire une socialisation.
– Dehors... information et sensibilisation du public
Il y a tout d’abord l’événementiel : pièces de théâtre, expositions de photographies ou installation de cellules en taille réelle (par exemple dans la gare de Rennes), lectures de textes de détenus dans des cafés, conférences, ciné-débats. Par ailleurs, l’accent est mis sur les interventions dans les lycées et collèges, pour y apporter de l’information (pas dans une optique de prévention). Le fait de désamorcer le sentiment de peur et de rejet face aux anciens détenus, participe de la réussite de leur réinsertion.
ANVP : une oreille pour les détenus
Evidemment, chacun d’entre nous peut être visiteur de prison sans faire partie d’une association. Toutefois, faire partie de l’ANVP présente l’avantage d’échapper aux formalités administratives (car l’association s’en charge pour vous) et surtout d’évoluer dans un cadre (échange de savoirs, d’expérience). L’Association Nationale des Visiteurs de Prison existe depuis 1932 et rassemble environ 1000 visiteurs qui prêtent leur oreille à 8000 détenus dans toute la France. Les visiteurs leur apportent une aide morale et matérielle en vue d’une réinsertion réussie. Tous les détenus qui en font la demande peuvent en bénéficier, ce qui leur permet d’échapper le temps d’une visite à la solitude et à leur passé, confiné dans leur cellule.
L’ANVP oriente également son action vers les familles des personnes incarcérées (aide financière pour les transports, centres d’accueil, etc.) et apporte un soutien financier aux détenus indigents, de manière ponctuelle.
Enfin l’ANVP informe la population de l’état des prisons et a par exemple récemment adressé une lettre aux députés et sénateurs dénonçant la surpopulation des centres pénitentiaires et la faiblesse de l’accompagnement en matière de réinsertion des détenus.
Les visiteurs de l’ANVP doivent être âgés de plus de 25 ans et de moins de 66 ans, disposer d’une demi-journée de libre par semaine, ne pas avoir de casier judiciaire et bénéficier d’une " stabilité professionnelle ". Une majorité d’entre eux est retraitée, les étudiants sont redirigés vers Génépi (cf. supra). Les visiteurs peuvent bénéficier de journées de formation à l’écoute et d’étude.
Le courrier de Bovet : un engagement épistolaire
Cette association propose de restaurer le lien social en prison par la correspondance. L’échange de lettres a - tout comme l’activité des visiteurs - une fonction d’écoute. Elle permet également aux détenus de renouer avec l’écriture. Le courrier de Bovet accompagne plus d’un millier d’adhérents répartis sur toute la France. Ceux-ci sont âgés de 22 à 70 ans et s’engagent à entretenir une relation épistolaire régulière avec un ou plusieurs détenus. L’association ne retient que les postulants " faisant preuve de qualités de cœur, d’ouverture d’esprit, de bon sens et d’une maturité suffisante ".
Un cinquième de la population carcérale française est de nationalité étrangère. Ces détenus sont particulièrement isolés. Les plumes étrangères sont donc les bienvenues.
Génépi
4-14, rue Ferrus,
75014 Paris
01 45 88 37 00
genepi@genepi.fr
A.N.V.P.
1 bis, rue de Paradis,
75010 Paris
01 55 33 51 25
anvpparis@free.fr
Le Courrier de Bovet
BP 300 Etoile,
75770 Paris CEDEX 16
01 40 67 11 98
cdbovet@club-internet.fr