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Parution du n° 44 - L’Anthropocène à l’âge de l’écologie politique

lundi 16 janvier 2017, par EcoRev’

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L’« Anthropocène » a déjà eu lieu, l’événement est passé. C’est toute la Terre et tous ses habitants, nos vies qui sont bouleversées désormais par l’entrée dans cette nouvelle ère. C’est aussi et avant tout l’histoire de notre modernité, d’un « Capitalocène » mortifère. Si les scientifiques en discutent encore la date de son commencement ou en scrutent les traces à même le sol, peu en contestent désormais la réalité – le consensus est total, ou presque.

Dans ce cadre, notre dossier vient prolonger la perspective dessinée par les deux textes de la rubrique Classiques en tâchant d’articuler, comme nous y invite Charles Fourier dans un texte de 1820, la nécessaire prise de conscience des responsabilités du mode de production capitaliste dans cette entrée – et de ses limites à palier aux problématiques qu’elle génère ; avec la recherche de mise en œuvre effective d’une « autre économie, d’autres rapports sociaux, d’autres modes et moyens de production et modes de vie » – comme nous y invitait André Gorz à la fin sa vie en 2007 – en abolissant « cet esprit, ces systèmes de domination et de répression qui nous viennent du fond des âges et qui ont dressé l’homme contre l’homme et contre la nature », nous dit Murray Bookchin dans un texte de 1969.

Car, même si aujourd’hui les plus exposés aux dérèglements climatiques, aux migrations environnementales, aux dégradations des milieux de vie et aux guerres qui en découlent sont avant tout au Sud – là où pourtant les responsabilités historiques sont incontestablement moindres – le monde entier en subit déjà, et en subira bientôt plus encore, le poids et les effets destructeurs.

Reconstruire un vivre ensemble – désormais inéluctablement globalisé – et des imaginaires politiques propres à porter une sortie civilisée du capitalisme à l’âge de l’Anthropocène, sont sans aucun doute les nouvelles frontières de l’écologie politique, notre ZAD.

C’est à ce projet que ce numéro tente de contribuer, dans un contexte historique où les acteurs du système capitaliste feignent de se pencher sur la problématique environnementale pour in fine mieux ignorer avec arrogance notre entrée dans l’ère de l’anthropocène. Chaque partie de ce numéro, du dossier à la rubrique Utopie(s) 2050, en passant par le Kit Militant et la rubrique Lectures, contribue à faire face à cette nouvelle réalité sans sombrer dans la réaction, le catastrophisme et le nihilisme – qui menacent pourtant chaque jour un peu plus d’effacer la complexité de la situation derrière des discours dangereusement simplistes –, autrement dit à faire de l’écologie politique la première des énergies renouvelables. Une tâche ardue mais stimulante, pour laquelle le comité de rédaction accueille avec grand plaisir à partir de ce numéro 44, trois personnes qui font honneur à notre revue : Alice Sternberg, Michael Löwy et Willy Gianinazzi.