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Après nous le déluge ?
novembre 2000, par
Ce qui fait l’actualité des changements climatiques, ce n’est pas la conférence de La Haye qui court à l’échec et ne mobilise pas les foules, c’est la multiplication des tempêtes aussi bien que la hausse de l’essence. Nous avons passé un seuil depuis quelques années, et nous sommes passé-e-s des prophéties de quelques écologistes à l’urgence éprouvée par tou-te-s de mettre fin à l’irresponsabilité productiviste.
Au début chacun-e se dit que ce n’est pas dramatique qu’il fasse un peu plus chaud. On est tou-te-s un peu frileux et frileuses, nostalgie de l’Afrique originaire. Seulement après quelques grosses chaleurs, ce qui nous attend c’est une sorte de déluge, tout simplement, dès que l’évaporation augmente, comme au temps de la fonte des glaciations. Le réchauffement de la planète c’est aussi le mauvais temps chez nous, les tempêtes et un été oscillant entre chaleur insupportable et de plus en plus de pluies. Sans catastrophisme, l’incertitude scientifique sur la question n’est pas faite pour nous rassurer. Il ne fallait pas prendre à la légère cette expression de l’irresponsabilité : "après nous le déluge."
L’autonomie de l’économie est bien réfutée par ses conditions vitales, ses "externalités négatives" et ces limites planétaires. Comme le montrait déjà André Gorz en 1974, la réponse à cette contrainte prend deux formes opposées (Leur écologie et la nôtre, texte republié dans EcoRev’ n°0). La première tente d’internaliser de nouveaux coûts écologiques par des taxes ou des mécanismes de marché alors que la deuxième exige un autre mode de développement, une alternative au capitalisme salarial.
Un capitalisme écologique n’est guère crédible. Les changements climatiques sont d’abord la preuve d’un productivisme insoutenable et de la nécessité de construire une alternative, un développement humain plus économe, une autre allocation des ressources et des capacités de la biosphère entre le Nord et le Sud. On ne réussira le pari contre l’effet de serre qu’à choisir un autre mode de développement.
En attendant, on ne peut rester les bras croisés ni laisser les pollueurs polluer gratuitement et sans limites. Il faut agir localement, au niveau de sa commune, et faire pression sur les États. Rien ne serait pire à la conférence sur le climat de La Haye qu’un échec qui repousserait toutes les mesures de réductions, si insuffisantes soient elles.