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Dossier Utopies techno, réalisme écolo : l’édito
mercredi 31 octobre 2007, par
Les écologistes sont-ils de doux rêveurs ?
De quel côté se trouve l’irréalisme : du côté d’une pensée écologiste qui propose de revenir à un mode de vie plus sain, à des relations sociales et politiques plus directes, à une consommation mesurée ?
Ou bien du côté des technophiles qui imaginent la création des utérus artificiels pour prévenir les maladies humaines ? Du côté des ingénieurs de la NASA qui, partant du constat que la Terre risque de devenir inhabitable à force de gaspiller ses ressources et de polluer, proposent tout simplement de "terraformer" (c’est-à-dire de créer une atmosphère et un écosystème comparables à ceux de la Terre) Mars ou Vénus ? Du côté de ceux qui font le pari risqué que les connaissances en énergie nucléaire progresseront suffisamment pour pouvoir résoudre l’énorme problème radioactif qu’ils ont caché sous terre et sous des formules rassurantes ?
Qui sont les idéologues ?
Ce sont les zélateurs de la technique, bien obligés de constater les dégâts que celle-ci entraîne, mais convaincus que le progrès de la technique résoudra les problèmes qu’elle a créé. Ils ne se demandent pas si elle ne pourrait pas continuer ce qu’elle a fait, et créer de nouveaux problèmes.
C’est, plus généralement, l’opinion dominante de notre société moderne, qui veut croire que le progrès technique est nécessairement le progrès de l’humanité : ne l’appelle t-elle pas : " le progrès ", tout court ? Pour elle, la technique suit une voie unique et toute tracée, qui tend indéfiniment vers le mieux. Tout ce qui est techniquement possible devient souhaitable, et il est inutile de s’y opposer. Par contre, rien ne lui interdit de rêver à ce monde promis, de laisser libre cours à une folle imagination pour anticiper ce que vivront les nouveaux hommes...Rêves et imaginations qui sont en partie la matière des technologies à venir !
Mais ce sont ces rêves qui nous éloignent des problèmes réels et qui nous empêchent de les combattre efficacement.
Les écologistes s’efforcent de reconnaître les discours falsificateurs qui, de technique en technique, reportent les problèmes du gaspillage d’énergie, d’épuisement des ressources planétaires, en promettant à chaque fois une invention miraculeuse. Ils cherchent à pointer du doigt la racine des problèmes, à revenir au bon sens, quitte à ce que l’on moque de leur passéisme et de leurs discours rétrogrades.
Car si le passéisme signifie le refus de se laisser embarquer dans l’illusion progressiste, alors ils peuvent assumer cette critique.
Ce dossier propose un panorama des objections de bon sens et des propositions mesurées que les écologistes proposent face une pensée technophile parfois délirante. Son objet est de nous aider à reconnaître la science-fiction là où ne l’attend pas : dans les représentations liées à nos techniques passées et actuelles, pour pouvoir proposer un monde qui ne place pas la totalité de ses espoirs dans la technique. Un monde plus humain, en somme.
La rédaction