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édito l’écologie dans la mondialisation

janvier 2003, par La rédaction

La question de la "mondialisation", entendue comme nouvel horizon de l’action sociale, comme espace-temps où l’écologie politique s’inscrit tout naturellement, était en quelque sorte gravée sur les fonts baptismaux d’EcoRev’. Le projet initial de notre revue était en effet de reformuler une politique écologiste à la lumière de l’évolution des systèmes économiques et de s’inscrire simultanément dans la constellation des mouvements "altermondialistes" dans un esprit d’élaboration de propositions.

C’est dire que le dossier que nous présentons dans ce numéro, qui tente d’aborder ces enjeux dans leur globalité, n’a pas été conçu comme une conclusion, mais bien comme une manière de faire le point. En ce sens, il ne pouvait que porter la marque des événements qui ont scandé sa préparation, depuis le Sommet sur le développement "durable" de Johannesburg jusqu’au Forum Social Européen de Florence. D’où une double perspective : "d’en bas", déclinée ici à travers une série d’entretiens (G. Massiah, L. Guilloteau, R. Gautier et S. Godinot) destinés à aborder la situation actuelle des mouvements "altermondialistes" et les grands problèmes qu’il doit affronter (celui des propositions ou du contenu positif, celui de la relation au politique) ; "d’en haut", sur les questions de régulation mondiale telles qu’elles ont été cristallisées de manière emblématique par le sommet de Johannesburg à travers le lien fait entre environnement et développement (I. Wallerstein, A. Lipietz), sur les ambiguïtés de la notion de développement durable (M. Roué) et sur les marges de manœuvres existantes au niveau institutionnel pour une réforme du système mondial (P. Calame).

Non seulement il n’y a pas incompatibilité entre ces deux approches, mais elles se rejoignent dans une même perspective, qui consisterait à prendre la mondialisation "par le milieu" : ni pour, ni contre, mais en tâchant de consolider les espaces et les relations que celle-ci ouvre. Le mot clé à cet égard est sans doute celui, abordé à plusieurs reprises dans le dossier, de "biens communs". La nouveauté de la mondialisation ne réside pas tant dans l’extension géographique que dans la tentative d’extension de la sphère de la marchandise à des domaines auparavant relativement préservés : pour caricaturer, la nature et la culture (B. Maris). Définir de nouveaux biens publics, créer de nouveaux biens collectifs, voilà la condition fondamentale pour construire un espace mondial démocratique. C’est en ce sens que les combats autour des régulations écologiques, contre la tentative de promouvoir une régulation "par le marché exclusivement", sont exemplaires et décisifs.

Egalement dans ce numéro, et comme en contrepoint du dossier principal, nous poursuivons la réflexion engagée à chaud après les élections françaises avec un ensemble de textes sur l’extrême-droite en Europe, centré sur la question des formes d’action et des réponses nécessaires pour lutter efficacement contre son développement et son influence. Bonne lecture !