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Prison, risque, contrôle
Mutations de l’emprise carcérale
lundi 19 janvier 2004, par
Gilles Chantraine, chercheur CNRS, explore les ressorts de l’imagerie carcérale... S’il constate, à la suite de Foucault, que l’univers de la prison suscite toujours autant une troublante attention, il estime cependant que nous avons cessé d’être une "société disciplinaire" pour entrer dans une société où les dispositifs de contrôle sont fragmentés et intégrés aux activités de la vie quotidienne. L’apparition de nouvelles formes de contrôle social dans la société du risque tendent à favoriser l’évolution du rôle de la prison vers une mission de gestionnaire du risque, tout autant qu’elles façonnent la figure du délinquant en problème technique qu’il convient de gérer.
Boîtes noires qui mettent en question les principes affichés de démocratie et de justice sociale propres à nos sociétés contemporaines, les prisons fascinent et forgent, hier comme aujourd’hui, la pensée critique [1]. L’opacité de ses hauts murs, remplaçant l’éclat des Supplices, ne fait que renforcer l’intuition fondatrice : pour que l’on ait si peur de la regarder en face [2], la prison doit nécessairement être une clé de compréhension, un miroir - peut-être renversé et sans doute déformant, mais un miroir quand même - des sociétés contemporaines.
Ainsi, pour Michel Foucault, la prison et les formations discursives - les "énoncés" - qui la sous-tendent ont d’abord été des moyens d’explorer et de mettre à jour les mécanismes cachés des sociétés modernes. En pointant une triple mutation du régime de la vérité, de la subjectivité et de la gouvernementalité, Foucault a forgé une analyse puissante de l’ingénierie sociale mise en place pour la production d’un sujet mentalement souverain et normativement autodiscipliné. En ce sens, l’analyse du passage des Supplices à la prison a d’abord constitué une mise en abîme pour un décryptage critique de la discipline et du pouvoir.
Simultanément, la profondeur de cette approche globale n’a jamais annihilé les luttes concrètes ; elle les a plutôt renforcées, incitées, reformulées, dans un va-et-vient fécond ; luttes pour l’amélioration rapide du sort des détenus, lutte pour la disparition de la prison. Les interprétations des travaux de Michel Foucault en France - mais également ceux de Louk Hulsman en Hollande [3], de Thomas Mathiesen en Norvège [4], etc. - ont vu les bases de l’abolitionnisme s’installer dans les champs intellectuel et militant ; minoritaire certes, mais néanmoins prégnant. Aujourd’hui, après un relatif essoufflement, les analyses foucaldiennes inspirent à nouveau différents auteurs, et l’on ne peut que se réjouir, en ces temps apathiques, d’un renouveau de ce type de pensée critique orientée vers l’action contestatrice.
Pourtant, il se pourrait bien que pour saisir pleinement les ressorts du renforcement actuel du dispositif carcéral, pour comprendre pourquoi et comment les prisons se présentent aujourd’hui avec une force et une "évidence" inégalées dans nos sociétés contemporaines, il faille saisir ce qui précisément échappe au modèle proposé par le philosophe. Disons-le autrement. Les sociétés disciplinaires, situées aux XVIIIe et XIXe siècle, ont atteint leur apogée au début du XXe. Foucault connaissait la brièveté des sociétés disciplinaires : elles succédaient aux sociétés de souveraineté dont le but et les fonctions étaient toutes autres (prélever plutôt qu’organiser la production, décider de la mort plutôt que gérer la vie). Il savait également qu’elles connaîtraient une crise ; de nouvelles forces lui succéderaient. Les sociétés disciplinaires, c’est ce que nous cessons progressivement d’être [5].
Ainsi, l’analyse de l’emprise carcérale contemporaine doit prendre acte du relâchement progressif des disciplines ainsi que de l’essor de dispositifs de contrôle fragmentés et intégrés aux activités de la vie quotidienne, visant à gérer les risques (construits socialement) propres à chaque lieu et chaque situation. Le fonctionnement des prisons, pièce centrale des circuits d’exclusion, doit sans doute être saisi, aujourd’hui, comme l’entrelacement - et non le remplacement - d’une dynamique historique profondément établie et de lignes de force émergeantes. Avant d’avancer, à titre d’hypothèses macrosociologiques, quelques-uns des processus qui semblent structurer, en amont, ces lignes de forces, posons succinctement cette dynamique historique.
La confrontation des travaux de Michel Foucault à ceux des historiens et des sociologues des pratiques d’enfermements montre que la production de l’homologie fonctionnelle de l’institution à travers les époques a été assurée par un triptyque dynamique qui, d’une fonction de sûreté, d’une volonté de châtier et d’un désir de corriger, a marqué l’histoire pénitentiaire du sceau de l’inertie. Le parasitage permanent du désir de correction par la réalisation pragmatique de l’objectif central de l’institution - la contention des reclus - et, simultanément, le constat récurrent de ce parasitage, de cet "échec", sont une clé de compréhension des réformes carcérales. Ainsi, à l’intérieur d’une rationalité pénale spécifique marquée par la centralité du dispositif carcéral et la préférence accordée aux peines afflictives [6], la reproduction institutionnelle de la prison pénale moderne a été marquée par une réflexion axiologique et réflexive constante, à la recherche de son accomplissement et de sa réussite. C’est précisément l’existence et la nature spécifique de cette interrogation axiologique à l’intérieur d’une quête impossible - la recherche d’une bonne prison - qui a produit une dynamique au cœur de laquelle échecs et réformes de l’institution ont produit l’inertie et la reproduction du dispositif carcéral [7].
"Irréductibles inemployables" sous contrôle
Je propose ici l’hypothèse selon laquelle la reconfiguration du champ du contrôle du crime [8] et l’apparition de nouvelles formes de contrôle social dans la société du risque tendent à favoriser un affaissement de l’interrogation axiologique sur l’institution, et la font ainsi évoluer, progressivement, vers de nouveaux buts et de nouvelles fonctions. Jadis dispositif normalisateur, la prison devient une gestionnaire du risque ; jadis problème social, la délinquance devient un problème technique ; jadis interrogation axiologique, la dynamique du changement devient un problème d’efficience et d’efficacité du contrôle.
Il y a sans doute là un vaste programme de réflexion dont je ne développerai ici qu’une infime portion, sous la forme de tendances globales qui paraissent infléchir directement la nature et la forme du contrôle institutionnel du crime. Seront donc ignorées ici des mutations plus larges (spatio-temporelles, économiques, démographiques) qui pourtant changent profondément la donne ; seront ignorées également les modes de résolution des conflits en deçà des institutions. Soulignons également que la démarche est davantage prospective que démonstratrice, et le ton affirmatif ne doit pas entamer, bien qu’elles s’inscrivent dans la continuité d’analyses d’autres chercheurs, le statut provisoire et partiel des propositions. Ces limites ainsi posées, il ne me semble néanmoins pas inutile de chercher un tel degré de généralité, à partir duquel chacun pourra ensuite confronter différents ensembles de politiques et pratiques pénales actuelles, concrètes et hétérogènes (mutations de la justice des mineurs, inflation carcérale, nouvelles incriminations, etc.), de manière à tenter de leur restituer une cohérence stratégique plus profonde. En retour, cette confrontation permettra d’enrichir, d’affiner et de redéfinir ces propositions générales.
1. le déclin progressif de l’idéal réhabilitatif du système pénal
La réhabilitation, comme but central de la peine de prison, s’affaisse progressivement au profit d’objectifs de rétribution, de neutralisation, et de gestion du risque. La nécessité de "protéger le public" devient le thème principal des politiques pénales. Pour certains observateurs, nous sommes d’ores et déjà entrés dans une ère carcérale post-correctionnaliste. Si pendant longtemps, les prisons avaient pour vocation d’être des maisons de correction qui visaient à surmonter la résistance et faciliter la soumission, notre époque semble novatrice en ce sens que cette "vocation" s’effrite au fur et à mesure qu’un pan de la "population-cible" des prisons n’est plus une main d’œuvre potentielle en manque de cœur à l’ouvrage, mais plutôt une catégorie d’ "irréductibles inemployables". Le "progrès technique", affirme Zygmunt Bauman, n’a pas tant créé de nouveaux emplois et réduit la main d’œuvre de réserve qu’il n’entraîne au contraire un manque de pertinence croissant du chômage massif du point de vue du volume de production [9].
Or les tentatives faites pour remettre les détenus sur le chemin du travail ne prennent sens que par l’existence effective du travail. Dans les circonstances actuelles, le confinement devient plutôt une alternative à l’embauche, une manière de neutraliser une partie considérable de la population dont on n’a plus besoin dans la production, qu’on ne peut pas "remettre" au travail tout simplement parce qu’il n’y en a plus [10].
Plus globalement, la prison devient le maillon indispensable d’une politique qui, désormais, gère la dangerosité et les inégalités sociales par la ségrégation spatiale et l’immobilité contrainte. En conséquence, l’utopie pénitentiaire n’est peut-être plus aujourd’hui le Panoptique, lieu de visibilité, de transparence et de surveillance qui a tant inspiré M. Foucault, mais plutôt Pelican Bay (Californie), prison presque entièrement automatisée, conçue pour réduire les contacts des détenus et les ouvertures sur l’extérieur au maximum, sans activité ni distraction ; un pur instrument de neutralisation.
Si les hospices panoptiques furent des laboratoires de la société industrielle où l’on expérimentait les limites de la mécanisation de l’action humaine, la prison de Pelican Bay est un laboratoire de la société "mondialisée" (…) où l’on teste et où l’on explore les limites des techniques de confinement spatial des rebuts et des déchets de la mondialisation [11].
2. Le retour à une justice expressive
En dépit de l’essor de quelques dispositifs novateurs (justice réparatrice notamment), on observe la ré-émergence de sanctions à vocation expressément punitives et expressives. Un nouveau ton passionnel et émotionnel des politiques criminelles esquisse les contours de la nouvelle surcharge symbolique du système pénal. Ce nouveau ton s’enracine dans un perpétuel sens de la crise, nourri notamment par l’idée que les évaluations des dispositifs et la réflexivité accrue du système tendent constamment à souligner son échec. Dans ce cadre, l’idée s’impose progressivement que le système pénal doit envoyer des messages "forts", "clairs", "limpides", "sans équivoque", à son "public". Faire peur au délinquant, rassurer le travailleur. L’accélération des procédures pénales, la transformation progressive du rôle du juge auparavant conçu comme élément froid devant juger des actes individuels en toute sérénité au profit d’un rôle de "donneur d’exemples", sont des signes de cette transformation. Le système médiatique a, dans cette fonction "exemplaire", un rôle discursif primordial. Il constitue en effet le biais par lequel sont construits, d’un côté, le "public", avec ses "attentes", ses "problèmes", ses "besoins de sécurité", et, simultanément, d’un autre côté, le support de l’affirmation selon laquelle ses "attentes", ces "problèmes" et ses "besoins de sécurité" sont effectivement pris en charge par l’Etat. En poussant l’hypothèse, il faudrait alors, d’un point de vue sociologique, envisager le système médiatique comme une composante même du système pénal.
3. Le déplacement du centre de gravité du système du délinquant vers la victime
Au cours des dernières décennies, il semble que nous soyons passés, du point de vue des sensibilités morales collectives, d’une conception méritocratique (il est juste d’être rétribué pour ce que l’on fait) à une conception "victimale" (il est juste d’être compensé pour ce que l’on subit) [12].
En ouvrant une "ligne de crédit inépuisable" [13] à l’individu ou au groupe injustement traité, ce nouvel ordre victimal met à mal le principe de modération, ouvre la voie à un durcissement punitif et sous-tend la diminution des droits de la défense (cf. le nouveau projet de loi Perben). Plus globalement, ce qui constituait un ensemble de préoccupations légitimes pour la souffrance des victimes, préfigurées notamment par les luttes féministes et la lutte contre les violences sexuelles, est détourné à des fins politiciennes. La victime devient une figure-support d’une nouvelle rhétorique aux accents populistes qui structure ses discours en fonction d’une série d’ "évidences" construites socialement, de "l’expérience des petites gens", etc. Par rapport aux théories classiques de la peine, la nouveauté ne serait donc pas tant que le système pénal s’observe et s’auto-décrit comme devant dissuader les délinquants potentiels (vision classique de la dissuasion) mais plutôt qu’il participerait à la construction, à nouveau par le biais du système médiatique, de catégories de victimes (les "travailleurs", les "gens d’en-bas") d’un ordre social désormais incertain, auxquelles la répression de catégories de délinquants (les "bandes des cités" par exemple), devrait légitimement réparer l’injustice.
En deçà de ces catégories de victimes, un nouveau décalage s’opère ici par rapport au modèle foucaldien : dans la pénalité décrite par le philosophe, l’individualisation de la peine passait par la mise à jour des caractéristiques individuelles des délinquants. Les données biographiques formaient la chair des expertises psychologiques, qui devaient permettre d’identifier les "besoins" particuliers du justiciable et ses "potentialités de réforme" ; la victime, elle, était tenue à l’écart pour assurer la sérénité du procès. Si ces phénomènes persistent encore largement, on observe néanmoins, aujourd’hui, les symptômes d’un changement de l’axe de l’individualisation, du délinquant vers la victime. Il s’agit désormais de découvrir pourquoi et comment un délinquant, rattaché à une catégorie plus vaste qui le dépasse, a attaqué telle victime singulière, avec telles spécificités biographiques, tel passé, telles séquelles, etc.
4. Vers une pénologie actuarielle orientée vers la gestion des groupes indésirables
Les discours et pratiques pénales actuelles traduisent l’avènement progressif d’une nouvelle pénologie, non plus orientée vers les individus et leur transformation mais vers la gestion efficace de populations collectives [14]. Cette nouvelle pénologie, qui vient s’entrelacer à l’ancienne pénologie guidée par des principes correctionnalistes et normalisateurs, est moins concernée par la responsabilité, la faute morale, le diagnostic, l’intervention et le traitement du délinquant que par son identification, sa classification, sa catégorisation et sa gestion, en tant qu’il est désigné comme appartenant à un groupe dangereux ou indésirable. Il s’agit, par l’utilisation de techniques actuarielles, de calculer et de cartographier la distribution des groupes et des conduites à risque pour en minimiser l’impact.
Cette nouvelle pénologie et la fonction spécifique que la prison y occupe sont renforcées par les trois tendances décrites plus haut, dans la mesure où elles renforcent l’opposition binaire entre "inclus" et "exclus", et réduisent la prison à un instrument de neutralisation des "exclus" considérés à "haut risque", incapables d’être gérés par les différents types de contrôles sociaux formels et informels à l’air libre. Dans cette stratégie en émergence, l’efficience, l’opérationnalité et la fluidité des circuits d’exclusion importent davantage que les finalités réformatrices. Le temps n’est peut-être pas si loin où la récidive pénitentiaire (le retour en prison), autrefois symptomatique des échecs du système, sera un signe de la "réussite" et de l’efficacité des dispositifs de contrôle [15]...
Ainsi, au-delà de l’archaïsme patent des conditions de détention actuelles [16], et au-delà du projet d’enfermement de la modernité "classique", disciplinaire et normalisateur, il faut mettre en relief la contemporanéité de la prison, comme le maillon ultime d’un circuit d’exclusion surplombé par une justice actuarielle de gestion des risques, dirigé vers ceux que l’on n’essaie plus de réintégrer dans des circuits d’inclusion [17]. Là, il importerait de saisir que l’existence des circuits d’exclusion et de son maillon ultime ne prennent sens qu’au regard de ces circuits d’inclusion au cœur desquels les refus des injonctions, ou l’impossibilité de les réaliser - injonction à la responsabilisation "libérale", au travail, à l’autodiscipline, à la citoyenneté, au bonheur consumériste - menacent de faire basculer dans les circuits d’exclusion. Dans cette perspective, l’analyse critique de l’emprise carcérale et des circuits qui lui donnent forme redeviendrait une mise en abîme pour la compréhension des sociétés contemporaines et retrouverait sa portée contestatrice et libératrice.
le 12 décembre 2003
Gilles Chantraine est chercheur
au CNRS - CLERSE/IFRESI (Lille) et au
Centre International de Criminologie Comparée (Montréal)
A paraître, Par-delà les murs, PUF-Le Monde, 2004
[1] Merci à Pierre Landreville pour les remarques constructives émises sur une version inachevée de cette contribution.
[2] Les dénis gouvernementaux actuels de la gravité de la situation des prisons françaises, après un court émoi carcéral, forment l’expression la plus actuelle de cet aveuglement volontaire.
[3] Hulsman L., Bernat de Celis J., 1982, Peines perdues. Le système pénal en question, Paris, Le Centurion.
[4] Mathiesen Th., 1974, The Politics of Abolition, Londres, Martin Robertson.
[5] Deleuze, G., 1990, Pourparlers, Paris, Minuit.
[6] Nous entendons ici par rationalité pénale le réseau de sens dont le socle se construit à la fin du XVIIIe siècle et qui possède la capacité de naturaliser la structure normative des lois pénales et ses pratiques institutionnelles. Voir Pires A. P., 2001, "La rationalité pénale moderne, la société du risque et la judiciarisation de l’opinion publique", Sociologie et sociétés, 33, 1, pp. 179-204.
[7] Chantraine G., 2004, "Les temps des prisons. Inertie, réformes et reproduction d’un dispositif institutionnel", dans Ph. Artières, P. Lascoumes (dir.), Gouverner, enfermer. La prison, un modèle indépassable ?, Paris, Presses de Sciences-Po, pp. 57-82.
[8] Voir l’analyse centrale de Garland. Garland D., 2002, The Culture of Control, Oxford, Oxford University Press.
[9] Bauman Z., 2003 [1995], La vie en miettes. Expérience postmoderne et moralité, Rodez, Le Rouergue/Chambon.
[10] Bauman Z., 1999 [1998], Le coût humain de la mondialisation, Paris, Hachette, Pluriel.
[11] Bauman, Ibid., 171. Voir également Christie N., 2003 [1993], L’industrie carcérale. Prison et politique pénale en Occident, Paris, Autrement.
[12] Chaumont J.-M., 2000, "Du culte des héros à la concurrence des victimes", Criminologie, 33, 1, pp. 167-183.
[13] Todorov T. 1995, "Du culte de la différence à la sacralisation de la victime", Esprit, 212, pp. 90-102.
[14] Voir l’article fondateur de Feeley et Simon. Feeley M., Simon J., 1992, "The New Penology : Notes on the emerging strategy of corrections and its implications", Criminology, 30, pp. 449-474.
[15] C’est dans ce cadre qu’il faut appréhender les injonctions à produire, chaque année, des "objectifs quantifiés" d’amélioration de l’"efficacité" des services et la "culture du résultat" promues par N. Sarkozy lorsqu’il résume sa "philosophie" aux responsables policiers. Le directeur départemental de la sécurité publique de l’Hérault a d’ores et déjà fixé, fin octobre, des quotas de gardes à vue (!) à l’ensemble de ses services : ils devront en totaliser une vingtaine par jour. Voir Le Monde, daté du samedi 6 décembre.
[16] Voir O. I. P., 2003, Les conditions de détention en France, rapport 2003, La Découverte, Paris, et mon commentaire dans Claris, n°5, décembre 2003.
[17] Rose N., 2000, "Gouvernment and Control", dans D. Garland, R. Sparks (Eds), Criminology and Social Theory, Oxford University Press, Oxford, pp. 183-208.