Accueil > Les dossiers > De l’automne 2004 à l’automne-hiver 2005/2006, du n° 18 au 21 > N° 21 (automne-hiver 05/06) / figures de l’écologie politique > Actuel et l’écologie
Actuel et l’écologie
mercredi 3 mai 2006, par
Les débuts de l’écologie politique furent d’abord la conquête de l’info : petits canards non archivés, émission de Jean Carlier sur R.T.L. et deux grandes revues " écolos " (Le Sauvage ; La Gueule Ouverte). La grande presse restait muette, totalement fermée, sinon hostile. Relire aujourd’hui les réactions du Monde ou de Libération à tel ou tel événement.
C’est pourquoi en octobre 1971 le numéro " C’est quoi l’écologie" d’Actuel, magazine de toutes les alternatives, des jeunes et du "mouvement" culturel d’après-68, fut un événement.
Des dessins de Ron Cobb partout, un grand " beuark " en travers qui annonçait la synthèse de la situation à l’intérieur : pas brillante, mais qui, alors, nous en parlait ?
En 1974 quand René Dumont fut candidat à la présidence, aucun des deux hebdos écolos ne le soutint. Le Sauvage (publié par le Nouvel Obs’) appelait à voter Mitterrand dès le premier tour, la Gueule Ouverte ne soutenait personne et son petit frère Charlie-Hebdo prônait... l’abstention. Pourtant 5 (sur 7) membres de la rédaction d’Actuel écrivirent en deux nuits un numéro "Spécial élections, l’écologie ou la mort", seul soutien presse à Dumont qui y parlait sur 3 pages. Tiré à 90 000 exemplaires, le stock fut apporté à l’équipe de campagne sur sa péniche, par Patrick Rambaud et moi-même. A l’époque, j’étais seulement anar, Rambaud venait du trotskysme, deux autres étaient encore un peu maos, un autre vaguement de gauche. Pas un n’était écolo. Mais nous avions senti qu’il se passait quelque chose.
L’année suivante, je participais avec Rambaud à une parodie du Meilleur, épouvantable journal d’alors. Ce fut Le Pire, où Actuel était associé. Là encore, plaidoyer pour l’écologie mais sur un mode plus amusant. Avant d’être annexé par les jeunes gens à la mode et les publicitaires suspects, puis de s’attaquer aux Verts, Actuel fut un des grands supports non militants de l’écologie.
Yves Frémion