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Le développement durable en chiffres… et en polémiques !
lundi 23 mars 2009, par
Les indicateurs alternatifs réservent parfois de drôles de surprises. Prenez, par exemple, un concept apparemment creux et mou comme le développement durable. Une tarte à la crème, me direz-vous ? un oxymore ? le dernier avatar des multinationales en manque d’éthique ? Peut-être, oui. Mais peu importe… Prenez ce concept creux et mou, dont les gouvernements et les entreprises nous bourrent le crâne à coup de greenwashing intensif, et essayez simplement de le mettre en musique… pardon, en chiffres. Comment faire ?
La première étape consiste à trouver les bons – ou plutôt les moins mauvais – indicateurs. Pour ce qui concerne la durabilité, pas de problème : malgré ses défauts (cf. article d’Aurélien Boutaud), l’empreinte écologique est sans doute l’indicateur qui fera le mieux notre affaire. Et pour mesurer le développement, l’indice de développement humain des Nations Unies paraît lui aussi tout indiqué
(cf. article de Florence Jany-Catrice).
Bien. Une fois les indicateurs judicieusement choisis, la seconde étape consiste alors à fixer des seuils pour chacun d’eux. De son côté, nous l’avons vu, le système comptable de l’empreinte écologique nous apprend que, pour être écologiquement durable au sens de la durabilité forte, il faudrait que notre empreinte soit inférieure à la biocapacité disponible au niveau mondial, soit environ 1,8 ha/hab. Et pour être reconnu par les Nations Unies comme développé, un pays doit avoir un IDH supérieur à 0,8.
Partant de là, la troisième étape consiste alors tout simplement à faire figurer sur un même graphique les résultats des nations du monde pour ces deux indicateurs… et observer, avec délectation, lesquelles de ces mêmes nations parviennent à concilier un haut niveau de développement humain et une empreinte écologique durable (cf. graphique ci-contre).
Diantre ! Mais… Non, vous ne rêvez pas… Tout là-haut, à gauche… On dirait bien… on dirait bien qu’il y a un pays, un seul et unique pays qui atteint le sacré graal ! Un pays qui parvient à concilier les exigences apparemment paradoxales du développement durable. Alors bien entendu, à l’heure où tout s’affiche comme durable, chacun veut le savoir : quelle est donc cette nation qui peut se targuer d’être le seul et unique modèle de développement durable au monde ? Quel est donc ce pays que chaque économiste, chaque entrepreneur, chaque homme politique se réclamant du développement durable devra dès à présent citer et prendre comme modèle ? Quel est le nouveau paradis sur Terre pour les convertis du développement durable qui hantent à présent les couloirs des ministères et des institutions financières ?
Caramba, mais… c’est Cuba !
Oui, décidément… les indicateurs alternatifs réservent parfois de drôles de surprises !
Sources : Boutaud A. (2002) "Le développement durable, quelques vérités embarrassantes", Economie & Humanisme ; données réactualisées présentées dans Hails C. (ed.) (2006) Rapport Planète vivante 2006, éd. World Wildlife Fund, Gland. Disponible sur http://assets.panda.org/downloads/lpr2006fr.pdf.