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Attention, bébé à la maison !

Vers un écomaternage

mardi 14 octobre 2008, par Lara Pérez-Dueñas

Sans nul doute l’arrivée d’un enfant à la maison change la vie... Raison de plus pour que nous n’oublions pas de les inclure dans réflexion et notre pratique militantes, en nous rappelant à chaque instant que la façon de prendre soin de nos bébés est un reflet des rapports sociaux dominants. Le bébé, qui représente en passant un marché en plein essor pour les multinationales de tout poil, doit faire preuve d’une productivité irréprochable : manger vite et bien (de préférence des produits industriels), faire – comme une machine bien huilée – ses nuits au plus tôt, etc. Une société individualiste nous mène à tenter de lui imposer ses valeurs dès le berceau, par exemple en le laissant dormir seul-e, quitte à le laisser pleurer jusqu’à ce que fatigue s’ensuive... en définitive, on exige qu’il s’adapte rapidement à la société de consommation, sans se soucier de son bien-être, et de celui des heureux parents.

Agir pour de nouveaux rapports avec les bébés, c’est donc agir pour de nouveaux rapports dans la société. Depuis l’écologie : en cherchant un maternage plus libre, respectueux et naturel, en replaçant le bébé et ses besoins primaires au centre de nos préoccupations, en redéfinissant notre notion de travail, de valeur, de richesse. Depuis le féminisme : en permettant à la femme de reprendre le contrôle de son propre corps, revalorisant le rôle du père, en remettant en question le modèle dominant de la"superfemme"– idéal actuel d’une femme dynamique, à la carrière professionnelle brillante, qui gère le foyer, les achats, l’éducation des enfants et qui, en plus, est belle et mince – fantasme qui ne fait que nous enliser dans une inégalité hommes/femmes de fait.

Quelques pistes (non exhaustives) pour un maternage conscient

Un accouchement naturel

La naissance est un acte crucial aussi bien pour l’enfant que pour la femme. Cependant son excessive médicalisation mène à un non respect des rythmes propres de chaque femme, un recours à des pratiques non nécessaires (injection d’ocytocine, rupture de la poche des eaux, épisotomie, révision utérine, position couchée pour la délivrance...), violentes aussi bien pour la mère que pour le bébé, sans compter les droits bafoués des pères à participer pleinement et activement à la naissance. Hypermédicalisation ne rime pas nécessairement avec sécurité, et un accouchement non respecté et violenté peut laisser chez la mère des traces psychologiques indélébiles. Pour en savoir plus et préparer un accouchement plus respectueux du corps de la femme et de l’enfant et des droits des parents, vous pouvez visiter http://www.perinatalite.info/, où vous trouverez notamment une liste de professionnels pratiquant des accouchements à domicile. Consultez également les recommandations de l’OMS, encore trop peu respectés en France : http://www.who.int/reproductive-health/publications/French_MSM_96_24/MSM_96_24_chapter6.fr.html.

L’allaitement maternel

Même si le biberon a permis de sauver des vies et d’aider des bébés qui avaient des difficultés pour l’allaitement, rappelons que "le lait maternel est le meilleur aliment, tout autre n’est qu’une plate imitation". Il est facilement assimilable, il donne les meilleurs nutriments, il protège le bébé des allergies, des maladies... Mais, plus encore, le sein c’est aussi de la chaleur, du réconfort, de l’amour... dont le bébé a autant besoin que de l’aliment. L’allaitement (en particulier s’il est prolongé), oppose maman et bébé au modèle dominant de la surconsommation et la marchandisation de la vie (le lait de femme est gratuit !), redonne à la femme le contrôle et la confiance dans son propre corps et conteste la domination masculine du milieu médical. Cela remet de plus en question les intérêts de certaines multinationales qui vendent du lait maternisé sans se soucier de notre santé mais en pensant bien plus à leur tirelire (la culture marchande du biberon dans les pays en voie de développement est à l’origine de conséquences sanitaires désastreuses).
Il existe encore beaucoup de mythes autour de l’allaitement (il faudrait imposer des horaires aux tétées, le lait maternel n’alimenterait plus au delà de six mois...) et beaucoup de désinformation, même dans le milieu médical, qui ne favorise pas l’alimentation au sein. La Leche League France, réseau de femmes qui milite pour l’information et le soutien pour l’allaitement maternel, regroupe de nombreuses animatrices qui peuvent vous aider. Pour trouver la plus proche de chez vous : http://www.lllfrance.org/.

Un maternage de proximité

Le mythe du besoin d’une autonomie précoce peut nous inciter à nous séparer physiquement du bébé très vite : on a peur qu’il prenne de mauvaises habitudes si on le prend dans les bras, si on ne le laisse pas pleurer, si on dort avec lui. Cependant la proximité de l’adulte est pour le bébé un besoin ; dormir ensemble renforce leur attachement et a de nombreux avantages purement physiologiques (régulation de la température et de la respiration, apprentissage des phases du sommeil...). De plus, ce qu’on appelle le "co-dodo" simplifie énormément les nuits des parents et du bébé, en permettant d’allaiter sans se réveiller complètement et en facilitant le repos de tout le monde. Plus de renseignements sur le co-dodo, les questions de la sécurité de cette pratique et ses avantages sur : http://cododo.free.fr/cadre.htm.

Replacer le bébé à l’intérieur de la société

Les bébés ont été exclus de la sphère sociale, professionnelle et même de la vie de couple (on demande aux jeunes parents de revenir au plus vite à leur vie de couple précédente). Ils ont un monde propre, au centre duquel ils sont placés, mais ils ne participent pas aux activités des adultes (le travail, les loisirs comme le cinéma, les sorties...). La jeune maman sent ainsi souvent que son monde se limite à son petit, se cantonnant à son rôle traditionnel de "maman-poule". Porter son bébé est une façon d’insérer le binôme mère-enfant dans ce monde a priori "hostile", et de permettre autant au père qu’à la mère un attachement plus fort et sécurisant avec le bébé. Sans poussettes encombrantes, nous pouvons faire beaucoup plus d’activités et y faire participer les enfants, les aidant dans leur socialisation.
Quelques liens pour des renseignements sur comment porter ses enfants, ainsi que les coordonnées de conseillères près de chez vous : http://www.portersonbebe.com/ et http://www.afpb.fr/.

Lara Pérez-Dueñas