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La Coordination Paysanne Européenne

juin 2002, par Brigitte Zaccaria, Marie-Hélène Chancelier

La Coordination Paysanne Européenne (CPE) représente 18 organisations paysannes et rurales de 12 pays européens (UE et hors UE). Elle a été créée en 1986 à la suite de rencontres paysannes européennes qui se sont tenues annuellement à partir de 1981. Elle émane d’organisations paysannes qui travaillent à une réforme en profondeur des politiques agricoles en Europe
et dans le monde, en particulier de la Politique Agricole Commune (Union Européenne). En 1993, la CPE, avec d’autres organisations issues de plusieurs continents, a participé à la création d’un mouvement paysan mondial, Via Campesina, dont elle a assuré la coordination jusqu’en 1996. Via Campesina se bat au niveau international en priorité pour la
reconnaissance de la souveraineté alimentaire, du droit à la terre, du
respect de la biodiversité et contre la répression envers les organisations
paysannes. Via Campesina a fait du 17 avril la journée mondiale des luttes
paysannes.
La CPE s’occupe essentiellement de l’emploi agricole, de la reconnaissance
économique du travail du paysan à travers la vente de ses produits,
d’assurer des modes de production durables respectant la qualité, la sûreté
des produits et respectant l’environnement, et aussi de respecter une
solidarité entre les régions d’Europe et d’autres continents.
Chargée d’informer ses membres des politiques européennes (PAC, OMC,
alimentation.), et de peser sur celles-ci, la CPE prend part régulièrement
à des campagnes de sensibilisation et d’action, en commun avec d’autres
partenaires, (par ex. pour l’interdiction des hormones, des antibiotiques
dans l’alimentation du bétail, etc.). Elle est reconnue depuis 1986 comme
interlocuteur professionnel agricole européen par les institutions de l’UE
(auditions régulières par la Commission Agricole du Parlement Européen, par
le Commissaire Européen à l’Agriculture, par les DG, etc.). Elle siège
depuis octobre 1998 au sein des Comités Consultatifs Agricoles de la
Commission Européenne.

Coordination Paysanne Européenne :
Rue de la Sablonnière
18-1000 Bruxelles.

Tél. : 32 2 217 31 12
fax : 32 2 218 45 09
e-mail : cpe@cpefarmers.org

Changer de Politique Agricole Commune

Disparition rapide des exploitations paysannes, crises sanitaires à
répétition, pollution croissante des eaux par les pesticides. : La PAC
actuelle est destructrice pour les paysans, les consommateurs, les
contribuables, leur santé, leur environnement, leur territoire, ainsi que
pour les pays du Sud. La CPE propose donc de changer de PAC, pour qu’elle
réponde aux attentes des citoyens européens.

Priorité au marché intérieur - volet externe de la PAC

La vocation de l’agriculture européenne, c’est d’abord d’approvisionner le
marché intérieur. Cela sous-entend le refus du dumping à l’exportation et à
l’importation, la remise en cause des accords de Blair House et de l’OMC,
la préférence communautaire (droits de douane à l’import) au niveau du coût
d’une production durable (écologiquement et socialement) dans la région la
plus favorable de l’UE, y compris pour l’alimentation du bétail, et la
suppression des restitutions à l’exportation.

Prix agricoles, revenu paysan

Le revenu doit être généré essentiellement par la vente des produits de
l’exploitation. Compléments de prix, liés à la production, versés aux
producteurs des régions les moins favorisées.

Maîtrise de la production, modes de production

La situation actuelle exige des mesures de dés-intensification obligatoire
dans les exploitations trop intensives, avec une période de transition et
une aide d’adaptation pour les petites exploitations, par ex. par le lien
de l’élevage au sol (densité maximale par ha de surface fourragère),
l’abandon progressif du hors-sol, le soutien aux exploitations respectant
des normes environnementales encore plus strictes pour préserver la
biodiversité.

Marchés régionaux

Le FEOGA et les Fonds structurels doivent soutenir les marchés locaux et
régionaux, la vente directe, (plutôt que la promotion des produits à
l’exportation), et les petites structures de transformation locale (plutôt
que la restructuration des abattoirs et les grandes infrastructures
portuaires ou autoroutières). Il faut faire toujours les choix qui
diminuent les transports à longue distance : c’est mieux pour
l’environnement et la sûreté alimentaire.

Qualité, sûreté alimentaire

La CPE réclame, en autre, l’interdiction générale de la production et de
l’importation des OGM, dans la production agricole. La transformation agro-
alimentaire est essentielle et va de pair avec l’interdiction de tout
brevet sur le vivant. De plus, les firmes d’amont et d’aval doivent être
responsabilisées pénalement et financièrement pour les conséquences de
leurs pratiques industrielles sur la santé humaine et animale, la
protection de l’environnement (par ex., les firmes d’aliments du bétail
dans le scandale ESB).

Un monde rural vivant

Sans une politique européenne volontariste d’installation en agriculture,
les campagnes vont continuer à se vider de leurs paysans. Il faut d’urgence
interdire toute commercialisation de droits à produire, arrêter le rachat
des exploitations à chaque génération (dans certains pays), fixer des
plafonds maximums d’investissement à la place des surfaces économiques
minimums pour les aides à l’installation.

Un commerce international basé sur la souveraineté alimentaire

"La souveraineté alimentaire est le DROIT des populations à décider leur
politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers."
(Via Campesina). L’Union Européenne sera en meilleure position de
négociation et d’alliances avec les pays du Sud face aux EU/groupe de
Cairns grâce à l’abandon des aides à l’exportation. Elle pourra mieux
justifier la préférence communautaire. L’OMC doit se retirer du secteur
agricole et alimentaire, remplacée par exemple par la CNUCED, où des
négociations commerciales agricoles doivent établir des règles équitables
de commerce, tandis que les politiques agricoles nationales ou régionales
restent du ressort des États ou des unions régionales.