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Quelle démocratie mondiale après la convention de Copenhague ?
mardi 23 mars 2010, par
La crise climatique actuelle a la singularité
historique d’être la première crise globale de
l’histoire de l’humanité. Aucun pays au monde
n’est épargné par les conséquences de la
crise. Cette globalisation oblige à trouver une
solution globale à sa résolution, à moins de
sombrer dans une zone inconnue. Cette
négociation a été la plus médiatisée après
celle de Seattle de 1999. Elle a été un moment
d’espoir mais a débouché sur un échec, du
moins en terme de résultat. Aucun accord n’a
été trouvé pour remplacer le protocole de
Kyoto qui se termine en 2012. Mais la
négociation n’est pas terminée. Elle continue
avec deux temps forts à venir, Bonn et Cancún.
La nécessité de trouver une solution rapide
augmente après les dernières preuves scientifiques
qui montrent un accélération du
réchauffement climatique, malgré les dénégations
des climato-sceptiques de plus en plus
nombreuses [1].
Aujourd’hui, au-delà de l’arrêt de l’émission
des gaz à effet de serre, il faut d’ores et déjà
répondre aux conséquences du dérèglement
climatique (migrations climatiques, dégradation
des sols...) la première réponse qui a
été donnée à Copenhague, c’est la restriction
de la négociation aux pays les plus riches
incluant les pays de l’OCDE et les pays
émergents comme la Chine, le brésil, l’inde. En
effet, un premier accord non contraignant a
été trouvé entre 27 pays avant d’être soumis
au reste du monde. Cette méthode de
négociation devient la norme. La démocratie
mondiale est en danger avec la fin du multilatéralisme
et des institutions de l’ONU au
profit de négociations fermées entre Etats.
nous l’avons vu avec le renforcement du G20
pour tenter de sortir de la crise financière.
nous le voyons également avec les négociations
sur ACTA (Anti-Counter Trade Agreement)
qui tentent de contourner l’OMC [2].
Mais derrière cet aspect négatif, nous pouvons
nous réjouir des perspectives d’une nouvelle
alliance politique née à Copenhague, pouvant
donner naissance à un nouveau cycle politique
après celui né à Seattle. Alors qu’il y a dix ans,
l’objectif était de bloquer le processus de
négociation, cette fois-ci l’objectif était de
trouver un accord. Les plus radicaux
regroupés au sein du collectif Climate Justice
Action sont passés de la position "no COP
15" à celle de "Reclaim power".
Face à l’intransigeance des pays occidentaux
pour préserver leur rente technologique, leur
domination économique et face à leur
mauvaise volonté pour assurer des transferts
financiers, une convergence s’est construite
entre les pays du sud les plus progressistes
comme la Bolivie, les pays les plus vulnérables
comme Tuvalu et les Maldives, les mouvements
altermondialistes et écologistes regroupés au
sein du Klimaforum et du collectif Climate
Justice now, et des ONG regroupées au sein
du Climate Action network.
De cette dynamique est né l’appel du président
bolivien Evo Morales pour un sommet climatique
alternatif citoyen à Cochabamba en avril
2010 [3]. "Considérant que le changement
climatique est une menace réelle pour l’existence
de l’humanité, des êtres vivants et de
notre terre Mère telle que nous la connaissons
aujourd’hui ; Constatant le grave péril existant
pour les îles, les zones côtières, les glaciers de
l’himalaya, des Andes et des montagnes du
monde, les pôles de la terre, les régions
chaudes comme l’Afrique, les sources d’eau,
les populations touchées par les désastres
naturels croissants, les plantes et les animaux,
et pour l’écosystème en général (…) le
gouvernement de l’Etat plurinational de la
Bolivie convoque les peuples, les mouvements
sociaux et les défenseurs de la terre Mère du
monde entier, et invite les scientifiques, les
chercheurs, les juristes et les gouvernements
qui veulent travailler avec leurs peuples, à la
Conférence mondiale des peuples sur le
changement climatique et les droits de la terre
Mère, qui aura lieu du 20 au 22 avril 2010
à Cochabamba, Bolivie."
[1] Pour plus de détail, suivre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Controverses_sur_le_réchauf
fement_climatique
[2] ACtA ou les nouveaux habits du capitalisme,
http://www.politis.fr/Acta-ou-les-nouveaux-habitsdu,
9275.html