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Manifeste pour une désobéissance générale

mercredi 2 décembre 2009, par Bruno Villalba

Sous-comité décentralisé des gardes-barrières en alternance, Ne sauvons pas le système qui nous broie ! Manifeste pour une désobéissance générale, éditions Le Passager clandestin, 48 p., 1 euro

A mi-chemin entre L’Insurrection qui vient et la dernière production de l’Encyclopédie des nuisances, ce manifeste – très court, 30 pages, joliment illustrées par une dessinée assez surréaliste et un glossaire (très bien argumenté) – propose une justification de la désobéissance "générale"face à un "système"qui serait à bout de souffle. Le propos est vif, incisif même dans de nombreuses considérations (comme sur la conception aberrante du travail, même dématérialisé). Embrassant, rapidement, un panorama géopolitique mondial, le sous-comité (dont on n’apprend pas grand chose, si ce n’est qu’il est situé à Strasbourg, ville qui se fit remarquer naguère pour son engagement situationniste), martèle quelques évidences sur la situation profondément inégalitaire du système économique actuel et du régime politique qui le soutient, la "démocrature"(une dictature ayant l’apparence de la démocratie, selon le mot d’Eduardo Galeano). L’intérêt principal de ce petit livre est de mettre en relation les principaux outils utilisés par cette démocrature pour maintenir un semblant de légitimité (utilisation de la rhétorique du progrès, de la sécurité – qui permet l’installation d’une surveillance technique planétaire…). Inutile et ultime réponse… car, selon les auteurs, ce système va s’effondrer "sous le poids de ses propres contradictions"(p.17). Il ne nous reste donc plus qu’à accentuer ces contradictions par nos luttes quotidiennes – car ces contradictions alimentent notre vie présente, contrairement à une vision du politique loin de nos préoccupations et de notre pouvoir d’action. Entrons donc dans une "non-coopération intégrale" ! Certes, cette désobéissance est sans conteste une pratique efficace pour déstabiliser le "système" ; et elle est salutaire pour amorcer un retour vers notre autonomie. Mais le sous-comité n’est pas très clair sur les modalités effectives de cette désobéissance générale. Car s’il faut entrer "maintenant dans une non-coopération radicale avec le pouvoir"(p.25), c’est oublier un peu vite que l’ingéniosité du "système"est de refuser cette séparation radicale entre le pouvoir et nous…

Bruno Villalba